Qui fournit les turbines des sous-marins nucléaires de la Marine nationale?

Le groupe français Alstom, spécialiste des infrastructures d’énergie et équipements de transport, en particulier ferroviaires, est convoité par l’américain General Electric et l’allemand Siemens. Cette vente éventuelle pourrait-elle avoir des conséquences sur la dissuasion nucléaire française?

Si l’on en croit Eric Dénécé, le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), la réponse est oui. Dans une note évoquée par Latribune.fr et reprise par d’autres organes de presse, l’expert écrit que les centrales nucléaires, le porte-avions Charles de Gaulle et les 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), décrits comme étant « le fondement de notre dissuasion nucléaire et donc de notre indépendance nationale », sont dotés de turbines produites par la branche « Energie » du groupe Asltom.

Ces turbines sont essentielles pour la propulsion nucléaire navale car c’est grâce à elle qu’un sous-marin va pouvoir avancer et être alimenté en énergie électrique quand elles sont couplées à un alternateur.

Aussi, pour Eric Dénécé, le rachat d’Alstom par General Electric conduirait « à l’abandon total d’une expertise capitale dont la France a par ailleurs payé le développement depuis de longues années, jusqu’à devenir l’un des leaders mondiaux du domaine » et « à laisser partir entre des mains étrangères la capacité à concevoir, développer et produire nous mêmes ces pièces mécaniques essentielles, et donc à devenir dépendants des Etats-Unis en la matière ».

Sauf qu’Alstom ne fournit pas les turbines des réacteurs (conçus par Areva TA) des navires à propulsion nucléaire de la Marine nationale. Et ce ne sera pas plus le cas à l’avenir, en particulier pour les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de type Barracuda… Pour la simple et bonne raison que le founisseur de ces équipements est Thermodyn… une filiale de General Electric implantée au Creusot!

En outre, Alstom a démenti fournir des turbines pour les SNLE actuellement en service, dotés de réacteurs nucléaires K-15, comme d’ailleurs le porte-avions Charles de Gaulle. En revanche, le groupe français ne livre que les « groupes frigo », c’est à dire des compresseurs servant à refroidir le bord.

Le site spécialisé Mer et Marine précise que Thermodyn « est un fournisseur historique de DCNS, maître d’oeuvre des programmes navals de la Marine nationale. L’équipementier a notamment livré les turbines à vapeur des sous-marins nucléaires français et le turbo-alternateur du système de propulsion anaérobie MESMA, développé par DCNS ».

Autre site spécialisé, Netmarine rappelle, au sujet du SNLE « Le Téméraire« , que les turbo-alternoteurs, qui ont pour rôle d’assurer la production d’électricité à bord, ont été concus pour la partie turbine par Thermodyn, pour les alternateurs par Jeumont Industrie pour la régulation de vitesse par Neyrpic, pour la régulation tension par Cégélec et pour la conduite par DCN Indret » en novembre 1997.

Enfin, le portail de la Direction générale de l’armement (DGA) indique, pour les « secteurs mécanique, électrique et électronique de l’armement », qu’une « mise en concurrence au niveau européen est recherchée chaque fois que cela est jugé possible » et qu’une « synergie a par ailleurs été obtenue avec le programme des SNLE-NG dans le cadre d’un développement commun du système d’exploitation tactique qui permettra à la fois d’équiper le SNLE Le Terrible dès son admission au service actif et les sous-marins » de la classe Barracuda ». Et de préciser que Thermodyn a été retenu pour les turbines de propulsion.

En clair, la vente d’Alston à General Electric ou Siemens ne changerait rien à l’affaire étant donné que les turbines des SNLE sont déjà fournies par une filiale française d’un groupe américain.

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