M. Fabius évoque l’annulation de la livraison des 2 BPC « Mistral » à la Russie

En juin 2011, après quelques mois de tergiversations et de polémiques, surtout outre-Atlantique, la France et la Russie signaient officiellement un contrat portant sur la livraison de deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral à la marine russe pour 1,2 milliard d’euros.

Ces BPC, dont 3 sont actuellement en service au sein de la Marine nationale, ont été conçus pour la projection de forces, le soutien aux troupes déployées et l’assistance aux populations civiles. A ces fins, ils diposent notamment de moyens de commandement et d’assaut amphibie ainsi que d’un hôpital. Ils peuvent également mettre en oeuvre des hélicoptères. Construits selon des normes civiles, ils sont armés que pour assurer leur auto-défense.

La Russie a donc commandé deux exemplairesde ce type de navire, plus deux autres en options. Par rapport aux BPC français, ils ont été modifiés pour répondre aux besoins spécifiques de la marine russe, qui prévoit d’y embarquer des hélicopètres Kamov. Le premier, appelé Vladivostok, a entamé ses essais au début de ce mois au large de Saint-Nazaire et doit être livré cette année. Ironie de l’histoire, le second, dont la construction est entamée, s’appellera « Sébastopol », du nom de la base navale située en Crimée, siège de la Flotte de la mer Noire.

Justement, la crise ukrainienne pourrait avoir pour conséquence l’annulation de la livraison de ces 2 BPC à la Russie. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui nous a toutefois habitués à faire quelques déclarations anticipées (voir la Centrafrique, par exemple), a indiqué, le 17 mars, que la France « pourra envisager » n’annuler la vente des deux navires si Moscou continue ses menées en Crimée.

« Si Poutine continue ce qu’il fait, nous pouvons envisager d’annuler ces ventes, mais nous demanderons à d’autres, je pense notamment aux Britanniques, de faire l’équivalent avec les avoirs russes des oligarques à Londres. Les sanctions doivent toucher tout le monde », a-t-il expliqué, en soulignant que l’annulation du contrat Mistral serait aussi « négatif pour les Français ». Et de préciser : « Ça fait partie du troisième niveau des sanctions. Pour l’instant nous sommes au deuxième niveau ».

Suite au référendum, qui, organisé le 16 mars en Crimée, a placé cette république autonome ukrainienne dans le giron de la Russie, les Etats-Unis et l’Union européenne ont adopté des sanctions conre de hauts responsables russes ou pro-russes ukrainiens. Du jamais vu, du moins côté européen, depuis l’effondrement de l’Union soviétique, en 1991.

Pour autant, cela n’a pas eu l’air de faire bouger un sourcil chez le président russe, Vladmimir Poutine. Ce dernier a en effet signé le décret reconnaissant l’indépendance de la Crimée, première étape de son intégration au sein de la Fédération de Russie.

Aussi, et dans ces conditions, la France ira-t-elle vers des sanctions du « troisième niveau », et annuler ainsi la livraison des deux BPC à la marine russe? Même si ce contrat a été critiqué en Russie, il n’en reste pas moins que Moscou n’a pas manqué de réagir aux propos de M. Fabius.

« La France commence à trahir la confiance qu’on place en elle comme fournisseur fiable », a lancé le vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine, via son compte Twitter.  « Notre collègue ne sait-il pas combien de postes de travail ont été créés en France grâce à notre partenariat? », a-t-il ajouté.

Cependant, sur les ondes d’Europe1, ce 17 mars, Laurent Fabius a rectifié le tir. Il faut dire que l’annulation pure et simple de la commande des deux navires risque de porter u, coup rude au chantier naval STX qui les construit…

« Ce qui est envisagé c’est la suspension de ces contrats », a-t-il ainsi affirmé. Et non plus de les annuler… « D’un coté on comprend bien que nous ne pouvons pas envisager de livrer en permanence des armements compte tenu de ce comportement, de l’autre il y a la réalité de l’emploi et de l’économie », a-t-il ajouté.

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