Le Tchad presse la Cédéao à déployer ses troupes plus rapidement au Mali

D’après le dernier point de situation de l’Etat-major des armées (EMA) concernant l’opération Serval, les effectifs des troupes africaines déployées au Mali s’élèvent à 5.800 soldats, dont 2.000 Tchadiens.

L’on est donc encore bien loin des 6.000 hommes promis par la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dans le cadre de la Mission international de soutien au Mali (MISMA), à laquelle le Tchad ne participe pas. En clair, la force panafricaine ne compte sur le terrain qu’un peu plus de 3.500 soldats.

Aussi, le président tchadien, Idriss Déby Itno, dont les troupes ont subi, à ce jour, les plus lourdes pertes au Nord-Mali, avec « 27 morts et 50 blessés », a donné des signes d’impatience à l’occasion d’un sommet des chefs d’Etat de la Cédéao auquel il était convié, le 27 février.

« L’heure n’est plus aux discours (…) mais plutôt à l’action », a-t-il lancé à l’ouverture de cette réunion, organisée à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire. « Nous appelons l’état-major de la Cédéao à plus de célérité en accélérant l’envoi des troupes dans la zone libéré », a-t-il ajouté, alors pour le moment, les troupes tchadiennes sont en première ligne, aux cotés de leurs homologues françaises, dans l’Adrar des Ifoghas, secteur montagneux où les groupes jihadites implantés au Nord-Mali se sont en partie repliés.

Seulement, plusieurs raisons peuvent expliquer la lenteur du déploiement de la MISMA. En premier lieu, il y a une question financière. En janvier dernier, la communauté internationale s’était engagée, lors de la conférence d’Addis-Abeba (Ethiopie), à donner 455 millions de dollars pour la mission panafricaine, l’armée malienne et l’aide humanitaire. Or, il en faudrait plus du double, soit 950 millions de dollars, pour permettre à la Cédéao de tenir ses engagements.

Une autre contrainte est la faible capacité de projection des forces armées des pays appelés à fournir des contingents à la MISMA. Les avions de transport font défaut et les matériels doivent être généralement acheminés au Mali par la route. Cela étant, cela fait maintenant un mois et demi que les opérations contre les groupes jihadistes ont commencé au Nord-Mali…

Aussi, une autre explication est sans doute à trouver dans la difficulté des armées africaines concernées à se réorganiser pour compenser le déploiement au Mali de leurs troupes afin qu’elles puissent continuer à assumer les missions intérieures qui sont les leurs. Par exemple, la Guinée vient de connaître des troubles politiques et le Nigeria, qui dispose sans doute des forces les mieux équipées de la région, a également à s’occuper de ses propres groupes jihadistes.

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