Le porte-avions américain USS Enterprise termine sa dernière mission

C’est le témoin d’un demi-siècle d’histoire qui s’apprête à tirer sa révérence, ce 4 novembre. Premier porte-avions à propulsion nucléaire au monde, l’USS Enterprise doit en effet rentrer à la base navale de Norfolk, en Virginie, après avoir réalisé sa dernière mission dans le golfe Persique et en Méditerranée. Il devrait être officiellement désarmé le 1er décembre prochain.

Huitième navire de l’US Navy à porter le nom  « Enterprise », ce porte-avions, encore appelé « Big E », avait été mis sur cale en février 1958 puis lancé le 24 septembre 1960, après avoir été commandé par le Pentagone en novembre 1957. Et cela relève de l’exploit quand l’on voit, de nos jours, le temps qu’il faut pour réaliser un bâtiment de ce type.

Propulsé par un système comprenant 8 réacteurs à eau pressurisée, 4 turbines à vapeur et autant d’hélices, l’USS Enterprise donne dans la démesure, avec une longueur de 341,3 mètres et un maître-bau de 78 mètres  pour un déplacement de 85.600 tonnes en pleine charge. Ces dimensions en font une véritable ville flottante et lui donnent la capacité d’accueillir à son bord un maximum de 5,828 marins ainsi que 72 avions et hélicoptères.

Officiellement entré en service en novembre 1961, le Big E entama sa carrière opérationnelle en prenant par à la conquête spatiale. En effet, le 20 février 1962, il fut désigné pour servir de station de suivi et de mesure de la mission Friendship 7, qui accomplie par le lieutenant-colonel John H. Glenn Jr dans le cadre du programme Mercury, fut le premier vol orbital américain.

Par la suite, l’USS Enterprise sera concerné par presque toutes les opérations militaires lancées par les Etats-Unis, comme par exemple le blocus de Cuba lors de la crise des missiles en 1962, la guerre du Vietnam, la crise avec l’Iran en 1988, au cours de laquelle ses avions couleront des patrouilleurs iraniens et l’instauration de zones d’exclusion aérienne en Irak et en Bosnie.

Plus récemment, « Big E » a été engagé dans les opérations en Afghanistan, où, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, son groupe aérien embarqué effectuera pas moins de 700 missions en 3 semaines lors de la campagne ayant visé à chasser les taliban de Kaboul. Par la suite, il sera engagé à plusieurs reprises sur ce théâtre ainsi qu’au cours de l’opération Iraqi Freedom.

Au cours de sa longue histoire opérationnelle, le porte-avions n’a pas été épargné par les incidents. Ainsi, en janvier 1969, alors qu’il croisait au large d’Hawaï, une roquette accrochée à un F-4 Phantom explosa à bord, provoquant la mort de 27 marins et la destruction d’une quinzaine d’appareils.

Plus anecdotique, l’USS Enterprise, dont le nom aurait inspiré, dit-on, les auteurs de la série télévisée Star Trek, a été, avec les croiseurs l’USS Long Beach et l’USS Bainbridge, l’un des navires à propulsion nucléaire de la Task Force 1 de l’opération Sea Orbit, dont l’objet était d’effectuer un tour du monde de 65 jours et de 56.606 km afin de valider le concept de  déploiement rapide d’un groupe aéronaval à propulsion nucléaire sans aucun soutien logistique extérieur.

Par ailleurs, Big E, outre ses missions opérationnelles, a également fait carrière au cinéma, les images du ballet des F-14 Tomcat sur son pont d’envol ayant servi au film Top Gun. Il a été également vu dans l’adaptation cinématographique du roman de Tom Clancy, « A la poursuite d’Octobre rouge ».

L’avenir de ce navire emblématique de la marine américaine n’est, semble-t-il, pas encore fixé. L’idée qu’il puisse être transformé en musée une fois que son désarmement complet sera terminé, c’est à dire en mars 2013, a été avancée mais il n’est pas certain que les coûts que cela suppose le permettent.

En attendant, l’US Navy, qui doit habituellement compter 11 porte-avions en service, ne sera pas en mesure de respecter ce contrat jusqu’en 2015, année où sera livré l’USS Gerald Ford, le premier bâtiment d’une nouvelle classe.

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