Paris apporte des précisions sur la nature des armes parachutées aux rebelles libyens

L’Etat-major des armées (EMA)a confirmé, le 29 juin, avoir livré des armes aux tribus berbères hostiles au colonel Kadhafi et situés au sud de Tripoli, dans le Djebel Nafoussa.

« On a procédé à des largages d’aide humanitaire, de vivres, d’eau et de fourniture médicales » a déclaré le porte-parole de l’EMA, le colonel Thierry Burkhard. « Pendant les opérations, la situation des civils au sol s’est dégradée. Nous avons également largué des armes et des moyens pour leur permettre de se défendre, essentiellement des munitions » a-t-il poursuivi.

A priori, et contrairement à ce qui avait été dit, aucun missile anti-char Milan n’aurait officiellement été parachuté aux rebelles. Les armes livrées aux rebelles pour qu’ils puissent assurer leur « auto-défense » sont des fusils d’assaut, des fusils-mitrailleurs ainsi que des lance-roquettes RPG.

« Les armes légères qui ont été parachutées dans le djebel Nefoussa étaient destinées à des populations qui, a priori, ne sont pas formées à l’emploi des armes, ce qui rend illusoire l’utilité de leur envoyer des missiles anti-chars », a expliqué le colonel Burkhard..

Quoi qu’il en soit, cette initiative prise en solo par Paris, va à l’encontre de la position britannique. « Non, la Grande-Bretagne n’envisage pas de fournir des armes à l’opposition en Libye. Nous pensons que cela soulève un certain nombre de questions, ce n’est pas quelque chose que nous devrions faire » a affirmé Gerard Howarth, le secrétaire d’Etat à la Défense.

Pour Moscou, ces parachutages, effectués au début du mois dernier, posent problème. Ainsi, par la voie de son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, la Russie a demandé des explications. « Nous attendons la réponse. Si cela se confirmait, ce serait une violation grave de la résolution 1973 » a-t-il déclaré.

En visite à Moscou, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a donné les précisions demandées par son homologue russe. « Nous nous situons exactement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité » a-t-il dit, ce 1er juillet. « Nous avons informé le Conseil de sécurité et nos partenaires de l’Otan » a-t-il poursuivi. Et de conclure : « Nous avons sur ce point des divergences (avec la Russie), cela ne nous empêche pas de travailler ensemble ».

Pour autant, cela ne semble satisfaire Sergueï Lavrov. « Actuellement, une situation très désagréable existe, (les résolutions sur la Libye) peuvent être interprétées n’importe comment » a-t-il souligné. « Alain Juppé a répondu ) ma question, et sa réponse était que, dans la résolution 1973, il y a un paragraphe 4 qui permet à n’importe qui de faire n’importe quoi et pour n’importe quelle raison » a-t-il affirmé.

Pour mémoire, le paragraphe 4 en question « autorise les États Membres qui ont adressé au Secrétaire général une notification à cet effet et agissent à titre national ou dans le cadre d’organismes ou d’arrangements régionaux et en coopération avec le Secrétaire général, à prendre toutes mesures nécessaires, nonobstant le paragraphe 9 de la résolution 1970 (2011), pour protéger les populations et les zones civiles menacées d’attaque en Jamahiriya arabe libyenne, y compris Benghazi, tout en excluant le déploiement d’une force d’occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n’importe quelle partie du territoire libyen, et prie les États Membres concernés d’informer immédiatement le Secrétaire général des mesures qu’ils auront prises en vertu des pouvoirs qu’ils tirent du présent paragraphe et qui seront immédiatement portées à l’attention du Conseil de sécurité. »

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