Gaspillages et malversations au Pentagone

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le Sénat américain avait établi une commission, présidée par Harry Truman, alors sénateur du Missouri, afin d’évaluer l’effort de guerre des Etats-Unis.

En 2008, à l’image de celle insituée en 1941, le Congrès a mis en place la Commission of Wartime, pour enquêter sur les contrats militaires passés par le Pentagone en temps de guerre. Le 9 juin dernier, un rapport d’étape, intitulé « A quel coût? Sous-traitance en Irak et en Afghanistan », a été présenté aux parlementaires de la Chambre des représentants.

Ainsi, le document met en évidence des dysfonctionnements pour le moins onéreux pour le contribuable américain. Par exemple, un second réfectoire de 30 millions de dollars sera livré en décembre 2009 au camp Delta, situé au sud-est de Bagdad, que les soldats américains qui y sont actuellement déployés devront prochainement quitter, en vertu de l’accord de sécurité conclu entre Bagdad et Washington à la fin de l’année dernière.

Près de 240.000 personnes travaillent pour les 1.200 sous-traitants qui assure le soutien des troupes américaines, que ce soit dans le domaine de la sécurité, de la logistique ou encore de la reconstruction. Et ces employés ont payé un lourd tribut en Irak et en Afghanistan car selon le rapport, au moins 1.360 d’entre eux ont été tués depuis le déclenchement des opérations militaires et pendant la phase de stabilisation.

Le document fait état de « problèmes » avec les sociétés privées de sécurité. En Afghanistan, c’est par exemple la firme Aegis qui s’occupe du recrutement et de l’emploi des gardes armés alors qu’en Irak, cette même tâche revient aux militaires américains en Irak. D’où la crainte de possibles « conflits d’intérêts » exprimée par deux membres de la commission, l’ancien représentant du Parti républicain Christopher Shays et Michael J. Thibault.

Des conflits d’intérêt au Pentagone, il en est aussi question pour le Center for Public Integrity, qui a publié une étude, le 10 juin dernier, portant sur des pratiques pour le moins opaques. Ainsi, le document a établie qu’entre 1998 et 2007, des militaires mais aussi des fonctionnaires civils du Pentagone ont réalisé près de 22.000 voyages dont le coût; estimé à 26 millions de dollars, a été pris en charge par des pays étrangers ou bien par des entreprises privées.

On apprend ainsi que les laboratoires pharmaceutiques américains ont été particulièrement généreux puisqu’ils ont dépensé 10 millions de dollars pour offrir des voyages à des médecins ainsi qu’à des pharmaciens de l’armée américaine. Cependant, le Pentagone se défend de tout conflit d’intérêt : non seulement cette pratique serait permise par les réglementations mais elle permettrait également d’économiser de l’argent au contribuable… Que dire alors d’un exemple relevé par le Center for Public Integrity selon lequel le voyage à Ryad de l’épouse d’un officier américain a été payé rubis sur l’ongle par un prince saoudien?

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