La force aérienne des Émirats arabes unis va participer à ses premières manoeuvres en Chine

En 2021, la Chine et l’Iran ont signé un accord stratégique afin de renforcer leur coopération politique et économique au cours des vingt-cinq prochaines années, avec, à la clé, des investissements chinois d’environ 400 milliards de dollars, notamment dans les infrastructures, le transport, les télécommunications et l’énergie. Pour Téhéran, une telle entente est un moyen de passer outre les sanctions américaines qui frappent son économie…

Puis, en juin dernier, Pékin et Riyad ont scellé leur rapprochement en annonçant un renforcement de leurs relations commerciales ainsi que des investissements communs d’un montant total de 10 milliards de dollars. Et, pour faire bonne mesure, l’Arabie Saoudite avait obtenu, trois mois plus tôt, le statut d’État « partenaire » de l’Organisation de coopération de Shanghaï [OCS], une structure créée en 2001 et réunissant notamment la Chine et la Russie.

Alors que les États-Unis semblent être sur le recul au Moyen-Orient, la Chine tend à y affirmer de plus en plus son influence… Et c’est d’ailleurs sous son égide que l’Iran et l’Arabie Saoudite ont renoué leurs relations diplomatiques. Cela étant, Pékin s’intéresse à d’autres pays de la région…

À commencer par les Émirats arabes unis. Ce qui s’est traduit par la signature de plusieurs contrats d’armement, les forces émiriennes ayant ainsi commandé des drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] Wing Loong II et des avions d’entraînement supersonique L-15 « Falcon » de facture chinoise.

De tels choix ont été motivés par le refus de Washington de vendre à Abou Dhabi certains matériels jugés trop sensibles. Si les ventes de 50 chasseurs-bombardiers F-35A et de 18 drones MQ-9B SeaGuardian aux Émirats arabes unis avaient été approuvées par l’administration Trump, celle de M. Biden les a depuis suspendues jusqu’à nouvel ordre… Du moins tant que le groupe Huawei, réputé proche du pouvoir chinois, ne sera pas écarté du réseau de télécommunications 5G des Émirats.

Cela étant, l’attitude américaine a probablement favorisé la France, qui en a profité pour conclure un contrat visant à livrer à la Force aérienne des Émirats arabes unis 80 Rafale F4. Pour rappel, cette version du chasseur-bombardier de Dassault Aviation pose les jalons vers le combat collaboratif…

Cependant, la proximité entre Abou Dhabi et Pékin pourrait être une source de préoccupation. Car leurs relations ne se limitent pas à les fourniture d’équipements militaires : elles ont aussi un volet opérationnel. En témoigne l’exercice « Falcon Shield 2023 » auquel prendront part les forces aériennes chinoises et émiriennes dans la région du Xinjiang, d’ici quelques jours. C’est la première fois que la Chine et les Émirats arabes unis organisent des manoeuvres militaires conjointes.

Via un communiqué laconique, le ministère chinois de la Défense a expliqué que « Falcon Shield 2023 » visera à « améliorer le transfert de connaissances et d’informations ainsi que la coopération entre les deux armées, tout en favorisant la compréhension et la confiance mutuelles ». Aucun détail n’a été donné sur les avions qu’engagera la Force aérienne des Émirats arabes unis dans cet exercice.

Pour rappel, celle-ci est dotée de F-16 vendus par les États-Unis et de Mirage 2000-9 de facture française. Cependant, rien ne dit que des appareils de ce type prendront part aux manoeuvres chinoises, en raison des restrictions d’emploi imposées au moment de leur achat.

En tout cas, leur participation à un tel exercice peut signifier que les Émirats arabes unis considèrent la Chine comme un partenaire militaire à part entière et qu’ils compteront moins sur les Occidentaux à l’avenir. Un premier signal avait d’ailleurs été adressé par Abou Dhabi en mai dernier, avec l’annonce de son retrait des « Combined Maritime Forces », une coalition navale dirigée par les États-Unis, après un rapprochement avec Téhéran.

Par ailleurs, étant donné que les États-Unis considèrent que la Chine commet un « génocide » contre les musulmans ouïghours de la province du Xinjiang, le fait qu’un pays de culture islamique y envoie ses forces armées pour des manoeuvres ne peut qu’y conforter la politique chinoise…

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