De vieux chars britanniques « Chieftain » pourraient être livrés à l’armée ukrainienne

Depuis qu’elles ont lancé leur contre-offensive, il y a plus d’un mois, les forces ukrainiennes ne sont pas encore parvenues à percer le dispositif défensif russe mis en place dans les régions du Donbass et de Zaporijjia. « L’ennemi a miné le terrain et s’est terré dans des tranchées bien fortifiées. Mais nos bombardements affaiblissent leurs défenses. Petit à petit, nous créons des points faibles et les agrandissons », a cependant expliqué un officier de la 37e brigade d’infanterie navale ukrainienne dans les pages du Figaro, le 19 juillet.

Ce qui explique les gains territoriaux limités dont fait régulièrement état Kiev. Seulement, les pertes sont conséquentes… Ainsi, citant des responsables américains et européens, le New York Times a récemment avancé que 20% des blindés de fabrication occidentale engagés par les forces ukrainiennes avaient été détruits ou endommagés durant les deux première semaines de la contre-offensive. Et certains modèles ont été plus atteints que d’autres. Tel est cas des véhicules de combat d’infanterie Bradley, fournis par les États-Unis.

Selon les données du site Oryx, qui documente les pertes des deux belligérants, au moins 28 Bradley ont été abandonnés, endommagés ou détruits sur les 99 exemplaires livrés à la 47e brigade mécanisée ukrainienne… Les champs de mines et la liberté de manoeuvre retrouvée des hélicoptères d’attaque russes, comme le Kamov Ka-52, expliquent en partie cette attrition.

Quant aux chars de combat fournis par les Occidentaux, Oryx estime qu’au moins 24 exemplaires d’entre-eux ont été perdus par l’armée ukrainienne en juin, dont dix Leopard 2 sur les trente-deux reçus par la 33e brigade mécanisée ukrainienne.

Cela étant, et alors que les forces russes ont lancé une attaque dans la région de Koupiansk, en vue, a priori, de reprendre Lyman et s’approcher de Kramatorsk, Kiev peut compter sur l’appui de Washington. Depuis la fin juin, les États-Unis ont débloqué trois « paquets » d’aide militaire, d’une valeur totale de 2,6 milliards de dollars. Il est question de livrer aux forces ukrainiennes des blindés Bradley et Stryker, mais aussi des capacités de déminage, des missiles de défense aérienne et des armes à sous-munitions.

À ce propos, et selon CNN, l’artillerie ukrainienne tire quotidiennement entre 2000 et 3000 obus alors que les États-Unis n’en produisent que 30’000 par mois. Et même si l’Union européenne [UE] a pris des dispositions pour en livrer à Kiev, l’approvisionnement risque fort de devenir de plus en plus compliqué, du moins à court terme. Et cela vaut aussi pour les missiles antichar, comme les Javelin, dont la production est loin de suivre la consommation ukrainienne.

Quoi qu’il en soit, si l’aide américaine permettra à l’armée ukrainienne de remplacer ses blindés Bradley et Stryker perdus au combat, la donne est différente pour les chars de combat, même si des M1A1 Abrams lui ont été promis… De même qu’un lot siginificatif d’anciens Leopard 1A5, remis en état après avoir été sortis de leur réserve.

Mais un autre char, tout aussi ancien que le Leopard 1A5, pourrait prochainement faire son apparition en Ukraine : le FV4201 Chieftain. C’est en effet ce que suggère une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par le journaliste ukrainien Roman Bochkala, qui se trouve actuellement au Royaume-Uni.

Selon ce dernier, « beaucoup » de ces chars, qu’il a présentés par erreur comme étant des Challenger 1, seront « bientôt en Ukraine ». Or, produit à 1500 exemplaires par Vickers Defence Systems, le Chieftain a été conçu pour remplacer le Centurion, le premier char d’assaut développé par le Royaume-Uni après la Seconde Guerre Mondiale. Et la British Army a conservé les siens jusqu’en 1995.

Au fil du temps, plusieurs versions de ce char ont vu le jour. Les plus récentes étaient dotées d’un blindage supplémentaire [appelé Stillbrew] et d’un viseur thermique TOGS passant pour être très performant. En outre, d’une masse au combat de 57 tonnes, le Cheftain Mk11 était doté d’un canon L11 de 120 mm et de trois mitrailleuses, dont deux de 7,62 mm et une de 12,7 mm.

Actuellement, seule l’armée royale jordanienne, qui en a reçu 390 exemplaires, en possède encore. Désignés « Khalid », ils auraient été mis sous cocon. Aussi est-il probable que l’Ukraine en récupère une partie… Du moins si l’information de Roman Bochkala s’avère exacte.

D’après Nicholas Drummond, spécialiste britannique de l’armement terrestre, le Chieftain pourrait être très utile à l’armée ukrainienne, malgré leurs faiblesses. « Il surclassera largement les T-54/55, T-62, T-64 et T-72 », a-t-il dit. Ce qui reste cependant à démontrer… car durant la guerre entre l’Iran et l’Irak, les Chieftain iraniens furent en grande difficulté face aux T-62 irakiens, notamment à cause d’un blindage insuffisant.

Par ailleurs, un autre faiblesse du Chieftain était son moteur diesel à six cylindres produit par Leyland, celui-ci étant sujet à des pannes récurrentes, qui plus est compliquées à réparer étant donné que les pièces les plus fragiles étaient difficilement accessible. Pour l’anecdote, les équipages britanniques disaient que leur char était le « meilleur du monde à condition de tomber en panne exactement à l’endroit où il faut sur le champ de bataille »…

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