Deux anciens Airbus A340 de l’armée de l’Air et de l’Espace vont reprendre du service en Iran

En 2020, après la livraison à l’escadron 3/60 Estérel de deux des trois Airbus A330-200 commandés dans le cadre du plan gouvernemental de soutien à la filière aéronautique, l’armée de l’Air & de l’Espace retira du service les deux A340-212 qu’elle exploitait depuis 2007.

Ces deux avions [alors immatriculés F-RAJA et F-RAJB] furent mis aux enchères, à un prix de départ de 80’000 euros pièce. Et, en décembre de cette année-là, ils furent acquis par la société française LMO Aero, qui déboursa plus de 880’000 euros.

Désormais immatriculés F-HFDD et F-HLMG mais ayant conservé la livrée qui était la leur durant leur temps de service au sein du 3/60 Estérel, les deux A340 restèrent immobilisés jusqu’en mai 2022, a priori sur l’aéroport de Châteauroux-Déols puisque ce fut depuis ce dernier qu’ils s’envolèrent vers celui de Kertajati, à environ 200 km au sud-est de Jakarta [Indonésie].

Alors que l’identité de leur nouveau propriétaire restait inconnue, les deux anciens appareils de l’AAE restèrent sur l’un des tarmacs de cet aéroport indonésien [où ils furent d’ailleurs photographiés] jusqu’en mai dernier. Car ayant reçu chacun une nouvelle immatriculation [TZ-DTA et TZ-DTC] délivrée par les autorités maliennes, ils ont quitté l’Indonésie pour rejoindre… l’Iran.

Selon le journaliste iranien en exil Babak Taghvaee, la compagnie aérienne Mahan Air, proche du Corps des gardiens de la révolution, a été à la manoeuvre, via une société écran établie en Indonésie et une autre, fictive, censée avoir été créée au Mali. C’est d’ailleurs par ce moyen que les deux avions ont reçu une immatriculation malienne…

Quoi qu’il en soit, avance Babak Taghvaee, les deux anciens A340 de l’AAE sont d’abord arrivés à la base aérienne de Chabahar [sud-ouest de l’Iran] le 23 mai dernier. Ce que confirme une photographie du site prise par satellite. Puis, l’un des deux aurait ensuite décollé pour rejoindre Téhéran.

Par qui ces deux A340 seront-ils exploités à l’avenir? Vont-ils avoir un usage gouvernemental ou bien rejoindront-ils la flotte de la compagnie Mahan Air, laquelle est interdite de vol en France depuis 2019 [ce qui ajoute du sel à cette affaire…].

Cela étant, que l’Indonésie ait servi d’intermédiaire n’est pas vraiment suprenant. En effet Jakarta et Téhéran entretiennent de bonnes relations, par ailleurs récemment renforcées par la signature d’un accord commercial peu après le départ des deux A340 pour l’Iran. En outre, en décembre 2019, le département américain de la Justice avait déjà sanctionné trois sociétés indonésiennes – PT MS Aero Support, PT Kandiyasa Energi Utama et PT Antasena Kreasi – pour avoir « exporté illégalement des biens et des technologies d’origine américaine vers l’Iran », notamment au profit de Mahan Air.

Photo : Par Ibex73 – CC BY-SA 4.0

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