La force aérienne norvégienne manque de techniciens pour faire voler ses chasseurs-bombardiers F-35A

« Pour faire voler nos avions, il faut toute une armée ». Tel est était le slogan de la campagne de recrutement lancée par l’armée de l’Air & de l’Espace en 2011, l’idée étant de rompre avec une communication qui, jusqu’alors, se focalisait surtout sur les pilotes et laissait de côté d’autres spécialités tout aussi indispensables. Et probablement que la force aérienne royale norvégienne [Luftforsvaret] pourrait s’en inspirer…

En effet, la semaine passée, le ministère norvégien de la Défense a confirmé les conclusions d’un récent rapport parlementaire, à savoir que la Luftforsvaret ne disposait pas de suffisamment de techniciens pour assurer la maintenance de ses chasseurs-bombardiers F-35A [30 exemplaires livrés sur les 52 commandés, ndlr]. « Nous avons pour 90 milliards de couronnes [près de 7,7 milliards d’euros] d’avions mais nous n’avons pas le personnel pour les faire voler », a-t-il résumé.

« Dans la situation sécuritaire actuelle, nos avions de combat sont cruciaux pour notre sécurité. On ne peut pas se mettre dans une situation où ils sont cloués au sol faute de personnel technique. Il est nécessaire de mettre en œuvre des mesures à court et à long terme », a ainsi estimé Bjørn Arild Gram, le ministre norvégien de la Défense.

Pour rappel, depuis le retrait de ses F-16, la Luftforsvaret ne met en oeuvre que des F-35A. D’où l’importance du problème auquel elle est confrontée. Problème qui, par ailleurs, serait lié à la fermeture de la base de Bodø et au déploiement des nouveaux avions à Ørland et à Evenes, beaucoup de techniciens ayant quitté le service à cette occasion.

Les mesures de long terme viseront à recruter puis à former de nouveaux techniciens… Une enveloppe de cinq millions d’euros va être débloquée à cette fin à l’occasion d’un « coup de pouce » au budget de la Défense qui, au passage, atteindra les 2% du PIB d’ici 2026. Mais ce processus prendra du temps, d’autant plus qu’il est question de créer une « filière nationale d’aviation à l’école secondaire de Fosen ».

Aussi, dans l’immédiat, la Luftforsvaret va solliciter les services de Lockheed-Martin, le constructeur du F-35A. En effet, celui-ci fournira le personnel technique dont elle a besoin pour faire voler ses chasseurs-bombardiers pour 1,75 millions d’euros. Puis Kongsberg Aviation Maintenance Services devrait ensuite prendre le relais, via un contrat au montant quasiment équivalent. Si ce dispositif sera en vigueur pour la seule année 2023, il pourrait cependant aller bien au-delà, afin de donner le temps nécessaire aux futurs spécialistes de la force aérienne norvégienne de se former et d’acquérir de l’expérience.

« Les subventions ne résoudront pas les problèmes à court terme », a jugé Sigurd Myrvoll, un représentant syndical qui a travaillé sur la base aérienne de Bodø pendant plus de trente ans. « La formation d’un spécialiste ou d’un technicien en aéronautique prend du temps. Il faut cinq ans avant qu’il ne soit formé. Ensuite, il faut encore plus de temps pour qu’il ait suffisamment d’expérience pour commencer à travailler sur le F-35 », a-t-il soutenu.

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