L’Ukraine a rejoint le centre d’excellence de l’Otan pour la cyberdéfense en coopération

Son adhésion à l’Alliance atlantique ayant été bloquée en 2008, en raison notamment de l’opposition de la France et de l’Allemagne, l’Ukraine ne désespère pas d’arriver à ses fins, alors qu’elle a déjà obtenu le statut de candidat à l’Union européenne l’an passé. Cependant, cette perspective est encore lointaine…

Les pays membres « sont d’accord pour que l’Ukraine devienne membre de l’alliance, mais en même temps c’est une perspective de long terme », avait en effet déclaré Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, en février dernier. « La question actuellement, c’est de s’assurer que l’Ukraine reste une nation indépendante et souveraine et pour cela nous devons soutenir l’Ukraine », avait-il ajouté.

En attendant, rien n’empêche l’Ukraine de se rapprocher de certaines structures de l’Alliance. Ainsi, ce 17 mai, elle a officiellement rejoint le Centre d’excellence pour la cyberdéfense en coopération [NATO CCD COE], créé à Tallinn [Estonie] par l’Otan en 2008. Elle y a été accueillie en même temps que le Japon, l’Irlande et l’Islande.

« Je suis vraiment reconnaissant que l’Islande, l’Irlande, le Japon et l’Ukraine aient décidé de nous rejoindre. Nous sommes ravis que des pays ayant les mêmes valeurs puissent partager leurs connaissances en matière de cybersécurité et échanger les bonnes pratiques pour lutter contre les cyberattaques. Notre objectif est de favoriser une coopération accrue et de récolter les bénéfices de cette coalition à grande échelle grâce à la recherche, à la formation et aux exercices », a commenté Mart Noorma, le directeur du CCD COE.

L’adhésion de l’Ukraine à ce centre d’excellence aurait dû avoir lieu au debut de l’année 2022… Mais, selon la presse ukrainienne, sa canditature aurait été bloquée par la Hongrie. Cela étant, à la même époque, Kiev avait conclu un accord avec l’Otan afin de renforcer ses capacités de cyberdéfense, via la plateforme de partage d’informations sur les logiciels malveillants de celle-ci.

Étant donné les attaques informatiques qu’elle a régulièrement subies depuis 2014, l’Ukraine aura certainement beaucoup de choses à partager avec les autres membres du CCD COE… En effet, Kiev a pris très tôt les mesures qui s’imposaient pour contrer les attaques régulièrement lancées contre ses infrastructures critiques [énergie, télécommunications] par des cyber-assaillants présumés russes.

L’Ukraine a opéré une « véritable révolution en montant en gamme dans sa lutte informatique défensive », avait ainsi récemment résumé le général Aymeric Bonnemaison, le commandant de la cyberdéfense française [COMCYBER]. Mais elle a également bénéficié « d’un appui occidental précoce », ce qui s’est par la suite révélé « décisif » pour sa « résilience dans les domaines des télécommunications et du numérique », avait-il poursuivi.

Sans doute plus décisif encore, alors que la Russie se préparait à l’envahir, l’Ukraine a profité d’un important appui de l’US CYBERCOM… et des groupes informatiques américains, comme Microsoft.

« L’implication directe des États-Unis s’est nettement intensifiée fin 2021. […] L’US CYBERCOM a déployé sur place une équipe d’experts militaires, chargée de découvrir si des attaquants russes avaient d’ores et déjà infiltré les systèmes ukrainiens. [Et cela] a été capital au cours des semaines précédant le conflit », avait encore observé le général Bonnemaison.

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