Armée de Terre : Le Système de Pose Rapide de Travures modernisé a été qualifié par la DGA

En 2017, le général Jean-Pierre Bosser, alors chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], avait déploré le manque de moyens de franchissement des « coupures » [cours d’eau, crevasse, etc] et soutenu la nécessité de les moderniser. « À l’est, nous pouvons être engagés sur des portions de terrain où il y a une coupure humide tous les dix kilomètres. À ce jour, il ne doit rester que cinq cents mètres de ponts », avait-il dit.

Or, la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-24 fit l’impasse sur ces capacités de franchissement, lesquelles relèvent des unités du Génie de l’armée de Terre. Du moins ne furent-elles pas évoquées dans son rapport annexé. Ce qui n’est pas le cas pour le projet de LPM 2024-30, qui évoque le programme SYFRALL [Système de franchissement lourd-léger], celui-ci devant se concrétiser d’ici 2030 afin de remplacer les Ponts Flottants Motorisés [PFM] récemment modernisés, mis en service en 1985.

Beaucoup plus récents – ils ont été livrés au 13e Régiment du Génie en 2011 et 2013 – les dix Systèmes de Pose Rapide de Travures [SPRAT] font actuellement l’objet d’une mise à niveau, laquelle avait été annoncée en 2018 par CNIM Systèmes Industriels.

Pour rappel, le SPRAT permet de franchir des coupures de 24 mètres de large dans un environnement hostile. Pour cela, il est constitué d’un « ponteur » à dix roues motrices portant deux travures de 14 mètres et d’un semi-remorque dit « PTS » [pour porte-travures supplémentaires], comprenant un tracteur à trois essieux [châssis 6×6] et d’une remorque pour transporter deux travures de plus.

« Ce système est destiné à déposer en quelques minutes en travers d’une rivière ou d’une brèche, soit deux ponts courts de 14 m de long [pour un peu plus de 4 mètres de large], soit un pont long de 26 m obtenu par assemblage de deux travures, en fonction de la largeur de l’obstacle à franchir », explique l’armée de Terre. Et celle-ci d’ajouter que « cette « possibilité d’adapter la longueur du pont aux dimensions de la coupure est unique au monde » et qu’elle permet par ailleurs une « économie significative de moyens ».

Quoi qu’il en soit, cinq ans après avoir été annoncée, la modernisation du SPRAT vient de franchir une nouvelle étape, sa qualification venant d’être prononcée par la Direction générale de l’armement [DGA]. « Ce nouveau standard comporte de nouvelles capacités optroniques qui améliorent la sécurité des phases de pontage et de roulage », a-t-elle précisé dans son communiqué.

Dans le détail, ce SPRAT modernisé est doté de nouvelles caméras, lesquelles alimentent des « algorithmes de fusion d’images » et permettent aux sapeurs de « réaliser les opérations de pontage et de reprise de pont dans des conditions difficiles, la nuit, par temps de fortes pluies ou de neige ».

La vision périphérique à 360° a été améliorée, grâce au système PeriSight de Bertin Technologies. Désormais, un équipage peut déployer un pont sans sortir de son véhicule… et donc sans être exposé à un tir ennemi.

« Une nouvelle caméra additionnelle offre une vision détaillée du crochet de manipulation du pont » tandis que des aides à la conduite » reposant sur la réalité augmentée, « facilitent l’évolution du véhicule sur un terrain encombré d’obstacles », complète la DGA. Le dernier SPRAT ainsi modernisé devrait être livré en 2023.

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