Otan : Durant leur mandat en Lituanie, les Rafale français ont intercepté et identifié plus de 25 aéronefs

En novembre 2022, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] a envoyé quatre chasseurs-bombardiers Rafale de la 30e Escadre de chasse à Šiauliai en Lituanie, au titre de la mission Baltic Air Policing, conduite sous le commandement de l’Otan.

Un tel déploiement de Rafale était une première car seuls des Mirage F1CR et des Mirage 2000 avaient jusqu’alors été envoyés en Estonie ou en Lituanie dans le cadre de cette mission de police du ciel des pays baltes.

D’ailleurs, le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE], le général Stéphane Mille, s’en était expliqué lors d’une audition parlementaire.

« Nous veillons à ne pas user prématurément nos appareils, tout en prenant en compte les besoins exprimés par l’Otan. Concrètement, nous avons fait le choix, dans un premier temps, de maintenir les Rafale en métropole et de ne projeter que des Mirage 2000-5 à l’est de l’Europe. Pourquoi? Parce qu’un avion envoyé à l’extérieur est utilisé à 100 % pour cette mission. C’est par conséquent un avion qui nous manque pour la formation de nos pilotes alors que […] vingt-quatre de nos Rafale ont été cédés », avait en effet soutenu le CEMAAE.

Quoi qu’il en soit, l’heure est au bilan pour cette neuvième participation de l’AAE à Baltic Air Policing, le mandat des quatre Rafale ayant pris fin le 1er avril. Désormais, la protection de l’espace aérien lituanien est désormais assurée par des F-16 portugais et roumains.

Ainsi, durant les quatre passés à Šiauliai, les Rafale de la 30e Escadron ont effectué 500 heures de vol [dont 50 heures de nuit] et assuré 70 décollages sur alerte d’entraînement ainsi qu’une « quinzaine de décollages sur alertes réelles » [Alpha Scramble] du Combined Air Operations Center [CAOC] pour intercepter et identifier « plus de 25 aéronefs ».

Le bilan avancé par le ministère des Armées ne le précise pas mais, selon les points de situation des opérations publiés chaque semaine par l’État-major des armées [EMA], les aéronefs concernés appartenaient aux forces aériennes russes, dont des Il-20 [dédiés au renseignement électromagnétique] et des avions de combat.

Cela étant, et comme le suggérait leur configuration au moment de leur arrivée en Lituanie, les Rafale français n’ont pas seulement assuré des missions de police du ciel. Ils ont aussi « réalisé une soixantaine de vols d’entraînement interalliés aux procédures Otan ainsi que 10 vols consacrés à la conduite de missions dans le cadre de l’Air Shielding qui comprend des missions de protection du flanc est de l’alliance, des missions de réassurance et des missions d’entrainement à l’interopérabilité », rappelle le ministère des Armées.

En outre, ce mandat a été marqué par deux faits inédits. En effet, le détachement français a été le premier [parmi les Européens] à expérimenter des redéploiements en Estonie et en Suède depuis la Lituanie, au sein du dispositif eAP [enhanced Air Policing]. « Ces redéploiements, sur court préavis et à faible effectif, montrent la polyvalence et la réactivité des armées françaises », souligne le ministère des Armées.

Puis il a aussi été le premier à s’impliquer dans un exercice mené au profit des contrôleurs aériens avancés lituaniens et américains, avec des passes « canon » sur le champ de tir de Cudgel [Lituanue]. « Première campagne de tir réalisée par une nation alliée sur le sol lituanien, cet entraînement bénéficie à la coopération et démontre l’interopérabilité tactique et technique des nations déployées sur le flanc Est de l’Europe », souligne l’EMA dans son dernier point de situation des opérations.

Des avions de combat français seront de nouveau engagés dans la mission Baltic Air Policing d’ici la fin de cette année. L’unité qui sera sollicitée n’a pas été précisée par le ministère des Armées.

En attendant, a indiqué ce dernier, les Rafale continueront à assurer la protection du flanc oriental de l’Otan depuis la France [missions « Air Shielding »], « en menant notamment des patrouilles au-dessus de la Bulgarie, de la Pologne et de la Roumanie ».

Photo :   © EMA

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