La force aérienne ukrainienne cherche à recruter des pilotes de chasse étrangers

Le recrutement d’anciens pilotes militaires occidentaux par la Chine a récemment conduit certains pays parmi les plus touchés par ce phénomène à dissuader ceux qui seraient tentés de prendre cette voie. En France, cette question semble être gênante. Sollicité à ce sujet par le député Jean-Louis Thiériot, via une question écrite publiée dans les pages le Journal Officiel du 1er novembre dernier, le ministère des Armées n’a toujours pas précisé les mesures qu’il entendait prendre pour contrer les menées chinoises…

Cela étant, le recrutement d’anciens pilotes par l’Ukraine devrait théoriquement pas poser de cas de conscience… Ainsi, le 23 mars, la force aérienne ukrainienne a fait savoir qu’elle accueillerait désormais dans ses rangs des pilotes étrangers [ainsi que des ingénieurs et des techniciens aéronautiques] pourvu qu’ils aient une « formation militaire appropriée ».

Il s’agit pour l’Ukraine de contourner l’un des principaux obstacles à la cession d’avions de combat de conception occidentale. Avions qu’elle réclame avec insistance auprès de ses partenaires, sa priorité étant d’obtenir suffisamment de chasseurs-bombardiers F-16 pour équiper deux escadrons.

« Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, n’a pas exclu que les États membres aillent plus loin en [nous] fournissant des avions occidentaux. […] Nous avons besoin de F-16 », a encore répété la force aérienne ukrainienne, via Twitter, le 23 mars.

Seulement, maîtriser un nouvel avion de combat exige une longue formation, tant pour les pilotes que pour les techniciens [mécaniciens, électroniciens, armuriers, etc]. Or, la force aérienne ukrainienne n’en a pas… D’où la décision qu’elle vient d’annoncer.

« L’Ukraine ne manque actuellement pas de pilotes pour exploiter les avions de combat de l’ère soviétique [des MiG-29 et des Su-27, ndlr] mais cela pourrait changer si elle reçoit les appareils qu’elle souhaite », a expliqué le Colonel Yurii Ihnat, son porte-parole. « L’expérience de personnes qui travaillent depuis longtemps avec de tels équipements sera nécessaire », a-t-il insisté.

Évidemment, le recrutement de pilotes et de techniciens étrangers serait plus facile si Kiev finit par obtenir des F-16 étant donné que cet avion, construit à plus de 4500 exemplaires, est encore utilisé par une dizaine de pays membres de l’Otan.

« Nous avons principalement besoin de cet avion [le F-16] pour nous protéger contre les attaques de missiles russes contre nos villes et nos infrastructures critiques. Ils deviendront un élément important de la défense anti-aérienne globale », avait précédemment fait valoir le colonel Ihnat. En outre, avait-il continué, ils « permettraient d’acquérir la supériorité aérienne sur l’aviation russe et de frapper des cibles terrestres ennemies dans les territoires temporairement occupés ».

Par ailleurs, à en croire l’officier, des « milliers de personnes » auraient contacté la forces aérienne ukrainienne pour lui offrir leur aide. « Beaucoup de gens, liés à l’aviation, ont offert leur aide pour défendre l’Ukraine. Parmi eux, il y a des citoyens d’autres États », a-t-il dit.

Pour rappel, les forces armées ukrainiennes ont incorporé la « Légion internationale pour la défense territoriale de l’Ukraine » qui, composée de volontaires étrangers, est exclusivement engagées dans les opérations terrestres. En outre, Kiev a pu aussi compter sur l’organisation militaire privée américaine « Mozart », laquelle s’était posée en rivale du groupe russe Wagner… avant de rendre les armes, sur fond d’allégation de malversations financières.

Quoi qu’il en soit, recruter d’anciens pilotes de chasse étrangers ne sera pas évident. Au-delà de la question de la solde, les recrues potentielles auront à s’adapter à un environnement opérationnel [culture, tactiques, procédures, règles d’engagement, etc]qui n’a jamais été le leur. Et cela ne résoudra qu’une partie des difficultés liées à la mise en oeuvre d’avions de combat occidentaux. En effet, la question du Maintien en condition opérationnelle [MCO], complexe quand il s’agit de moyens aériens, se posera encore, comme celle des infrastructures.

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