Le premier vol du planeur hypersonique français V-MAX est (enfin) pour bientôt, promet M. Chiva

En janvier 2019, à l’occasion de ses voeux pour la nouvelle année, Florence Parly, alors ministre des Armées, avait créé la surprise avec l’annoncé d’un programme consistant à mettre au point le démonstrateur d’un planeur hypersonique, appelé V-MAX [Véhicule Manoeuvrant Expérimental].

« Beaucoup de nations s’en dotent, nous disposons de toutes les compétences pour le réaliser : nous ne pouvons plus attendre », fit-elle alors valoir, dans une allusion à la Russie, à la Chine et aux États-Unis. Et il s’agissait d’aller vite puisqu’elle avait dit attendre un premier vol d’ici la fin 2021. D’autant plus que, avait-elle insisté, ce V-MAX allait permettre « saut technologique pour bon nombre de nombre de nos capacités ».

Quelques jours plus tard, la Direction générale de l’armement fit savoir qu’elle avait notifié le projet V-MAX à ArianeGroup, qui devait alors s’appuyer sur les recherches de l’ONERA « pour réaliser un prototype de planeur hypersonique à l’horizon de 2021 ».

Cela étant, la DGA ne partait pas d’une feuille blanche étant donné qu’un projet de même nature avait été mené dans les années 1960 par son « ancêtre », savoir la Délégation ministérielle pour l’armement. Appelé VERAS [Véhicule expérimental de recherches aérothermodynamiques et structurales] et confié à Nord-Aviation, il avait mobilisé notamment Carbonne Lorraine, Pechiney, l’Institut national de sciences appliquées [INSA], l’Université de Poitiers ou encore le Centre d’essai aérospatial de Toulouse [CEAT].

Présenté au Salon de l’aéronautique du Bourget en 1969, le VERAS fut finalement annulé deux ans plus tard… alors qu’il devait effectuer son premier vol à bord d’une fusée Diamant A lancée depuis le Centre d’essais des Landes. Si la contrainte budgétaire a motivé en partie cette décision, celle aurait surtout été prise par le manque de matériaux nécessaires à sa construction [un alliage de niobium, contenant des additions de titane, vanadium et zirconium, ndlr].

Quoi qu’il en soit, en mai 2021, Mme Parly confirmé que le premier vol du V-MAX aurait « lieu dans les prochains mois ». Puis rien n’est venu. Et rien ne s’est passé non plus en 2022. Aussi pouvait-on s’interroger sur la suite donnée à ce projet…

Lors d’une audition dédiée à la dissuasion nucléaire, à l’Assemblée nationale, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, a dit quelques mots au sujet du V-MAX.

« Nous nous intéressons à l’évolution des menaces et avons lancé des programmes pour explorer de potentielles évolutions de nos propres systèmes. Ainsi, les démonstrations de briques technologiques pour planeurs hypersoniques – Véhicules Manœuvrant eXpérimentaux [VMaX] – seront bientôt entreprises. Il a fallu, pour ce faire, construire une base de lancement de fusées-sondes dans notre centre d’essais de Biscarosse », a en effet affirmé le DGA.

Par ailleurs, celui-ci a également évoqué l’ASN4G, le futur missile nucléaire « hypervéloce » qui remplacera l’ASMP-A Rénové [air-sol moyenne portée amélioré] de la composante aéroportée de la dissuasion.

« En ce qui concerne l’ASN4G, la phase actuelle de préparation et de dérisquage doit permettre une mise en service opérationnel, sous Rafale au standard F5, dans le courant de la décennie 2030-2040 », a rappelé M. Chiva.

« Le missile a été conçu en natif, pour qu’il puisse disposer d’une capacité d’évolution des performances au fil de sa vie opérationnelle, notamment pour tirer parti des capacités d’emport accrues du NGF [avion de combat de nouvelle génération], dans le cadre du système de combat aérien du futur [SCAF] », a-t-il continué. Et de préciser : « Ce missile à superstatoréacteur est hypersonique, seule voie technologique permettant un niveau d’ambition suffisant compte tenu de la densification des menaces et de l’évolution de la situation géostratégique ».

En outre, cet ASN4G ne pourra être emporté par le NGF que « dix à quinze ans après sa mise en service opérationnel sous le standard F5 du Rafale », ce qui « nous oblige à faire preuve pour cet appareil d’une certaine exigence en matière d’ambition, pour que sa capacité de pénétration reste crédible, au moins jusqu’en 2060 », a conclu M. Chiva.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]