La Serbie est prête à investir 3 milliards d’euros pour se procurer 12 Rafale auprès de Dassault Aviation

Étant donné que pratiquement tous les pays européens ont l’intention d’augmenter significativement leurs dépenses militaires, Belgrade n’entend pas rester à la traîne de ce mouvement. « Les forces armées serbes doivent être beaucoup plus fortes et augmenter considérablement leur préparation au combat », a ainsi déclaré Aleksandar Vučić, le président de la Serbie, lors de sa visite du salon de l’armement IDEX 2023, à Abou Dhabi, le 20 février.

Aussi, Belgrade envisage d’allouer une nouvelle enveloppe de 748 millions de dollars à ses forces armées, cette somme devant s’ajouter au budget de près de 1,5 milliard de dollars déjà prévu pour cette année. Selon la Banque mondiale, le niveau des dépenses militaires serbes est supérieur au 2% du PIB.

Ces nouveaux fonds, a expliqué M. Vučić, serviront à moderniser les chars [M-84 et T-72?] et à acquérir au moins 200 blindés supplémentaires auprès de l’industrie locale [qui produit les véhicules Milos et Lazars] ainsi que des munitions téléopérées. Il est aussi question d’améliorer l’attractivité des « unités d’élite » en vue de faciliter leur recrutement. A priori, cet effort ne pèsera pas trop sur les finances publiques, la dette publique de la Serbie devant rester inférieure à 56% du PIB, selon son président.

Jusqu’à présent, la Serbie a surtout misé sur sa proximité avec la Russie pour équiper ses forces armées. Proximité qui s’est par ailleurs traduite, jusqu’à présent par un soutien russe sans faille dans ses relations avec le Kosovo… Seulement, depuis quelques années, Belgrade cherche à diversifier ses approvionnements dans le domaine militaire. Déjà influente dans les Balkans, la Chine en a surtout profité, avec la livraison récentes aux forces serbes de systèmes de défense aérienne FK-3 et de drones tactiques CH-92A. Mais elle n’est pas la seule…

À Abou Dhabu, M. Vučić a annoncé la commande imminente de munitions téléopérées auprès d’une société émiratie qu’il n’a pas nommée. Sans doute est-ce Adasi, une filiale d’Edge Group, celle-ci proposant une gamme de drones kamikazes [QX-4, Rash 2, etc].

Mais le « gros morceau » pour Belgrade reste la modernisation de son aviation de combat… et donc le remplacement de ses MiG-29 « Fulcrum », fournis par la Russie. Et le dossier est urgent car l’approvisionnement en pièces détachées est devenu « presque impossible » avec la guerre en Ukraine, a déploré le président serbe. « Vous ne pouvez presque rien importer de Russie maintenant, ou presque rien qui ait une finalité but militaire. Et ce n’est pas à cause des Russes », a-t-il ajouté, sans plus de détails.

En avril 2022, M. Vučić avait confirmé que le Rafale de Dassault Aviation était la priorité de ses forces aériennes. Il était alors de négocier l’achat de six à douze exemplaires. En juin de la même année, le ministre serbe de la Défense, Nebojsa Stefanović, fut reçu à Paris par son homomogue français, Sébastien Lecornu. Et il fut convenu d’un renforcement de la coopération en matière de défense [selon le compte rendu de cette rencontre publié par Belgrade, ndlr].

Depuis, les vives tensions entre Belgrade et Pristina, ces dernières semaines, ont fait perdre de vue ce dossier… Pour autant, il est plus que jamais d’actualité, comme vient de le rappeler le président serbe, depuis Abou Dhabi. « Un accord pour les avions Rafale pourrait coûter 3 milliards d’euros supplémentaires [en plus de la hausse déjà annoncée du budget militaire serbe, ndlr] si les pourparlers avec le constructeur aboutissent », a-t-il dit.

Reste à voir si ils vont aboutir… A priori, les autorités françaises ne devraient pas s’opposer à cette vente… étant donné qu’elles ont déjà approuvé la livraison de missiles sol-air MISTRAL aux forces serbes, lesquelles ont également acquis des hélicoptères H145M. Tout dépendra des considérations [et d’éventuelles pressions] politiques.

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