Les députés de la commission de la Défense vont évaluer l’impact de l’aide fournie à l’Ukraine sur les forces françaises

La France peut-elle faire davantage pour aider les forces ukrainiennes? Certains parlementaires estiment, en tout cas, qu’elle n’en fait pas assez. Tel est par exemple le cas des sénateurs Claude Malhuret et Guillaume Gontard, qui ont récemment plaidé pour l’envoi de chars lourds et des avions de combat, sans se préoccuper des défis que cela supposerait de relever [formation, maintien en condition opérationnelle logistique, infrastructures] et de la cohérence au niveau militaire. A contrario, d’autres pensent qu’elle en fait trop, en pointant le risque d’un affaiblissement des forces françaises.

Sur ce point, il est vrai que la livraison de dix-huit CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie], sur les 76 que possédait jusqu’alors l’armée de Terre, et celle de deux lance-roquettes unitaires [sur 13] ne sont pas sans conséquence sur la préparation opérationnelle des artilleurs. Et on ignore l’impact qu’aura la livraison annoncée d’une batterie sol-air moyenne portée / terrestre [SAMP/T] dans le cadre d’une coopération avec l’Italie.

En revanche, le don de Véhicules de l’avant blindé [VAB], de canons tractés TRF1 ou encore de chars légers AMX-10RC n’aura pratiquement aucune conséquence étant donné que ces équipements sont en train d’être progressivement remplacés par des blindés du programme Scorpion, quand ils n’ont pas déjà été sortis des inventaires.

Cependant, l’aide militaire de la France ne se limite pas à l’artillerie et aux blindés : elle concerne aussi d’autres [petits] équipements [radars, jumelles de vision nocturne, etc], les munitions, le carburant, le renseignement, etc… Et comme pour les CAESAr, cela pourrait ne pas être anodin pour les forces françaises. Mais encore faudrait-il le vérifier, voire, le cas échéant, le mesurer. D’où la « mission flash » qu’entend lancer le député Thomas Gassilloud, le président de la commission de la Défense.

« Nous nous y intéressons dans le cadre de notre mission de contrôle car ce soutien est important. On parle aujourd’hui d’un soutien d’un à deux milliards d’euros », a-t-il ainsi confié à l’antenne d’Europe1, ce 16 février. « On parle souvent du matériel qui est cédé. Mais il y a également du renseignement, les gendarmes ont par exemple documenté les crimes de guerre, il peut y avoir du soutien logistique », a-t-il ajouté.

En outre, a poursuivi M. Gassilloud, « il faut qu’on analyse la capacité à assumer ce soutien dans la durée et les impacts que ce soutien peut avoir sur nos propres forces armées ».

Il reste désormais à désigner les deux rapporteurs [un de la majorité, un issu des oppositions] qui aura à conduire cette « mission flash », dont les conclusions pourraient être connues d’ici l’été prochain. À moins qu’elles soient déclarées confientielles… Afin de ne pas renseigner la Russie sur l’ampleur de l’aide fournie à l’Ukraine.

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