Le prix des hélicoptères CH-47F Chinook voulus par l’Allemagne pourrait être deux fois plus élevé que prévu

Le programme « Schwerer Transporthubschrauber » [STH], lancé en 2017 par le ministère allemand de la Défense afin de remplacer la soixantaine d’hélicoptères de transport lourd [HTL] CH-53G de la Bundeswehr ne manque pas de rebondissements. Si tout s’était passé comme prévu, le vainqueur de l’appel d’offres aurait dû être connu en 2020. Et, à l’époque, deux concurrents – américains – étaient en lice, dont Boeing pour le CH-47F Chinook et Sikorsky [filiale de Lockheed-Martin] pour le CH-53K King Stallion.

Seulement, la seule décision prise cette année-là fut d’annuler la procédure, Berlin ayant estimé que celle-vci aurait eu « peu de chances de se concrétiser dans les limites de l’enveloppe budgétaire prévue [de 5,6 milliards d’euros, ndlr] tout en répondant aux exigences exprimés ». En clair, les spécifications demandées par la Bundeswehr supposaient d’apporter des modifications trop coûteuses aux appareils alors en lice.

Cependant, le besoin de remplacer les CH-53G n’ayant évidemment pas disparu, l’appel d’offres STH fut relancé en 2021, mais avec des exigences revues à la baisse. Et les deux industriels américains se retrouvèrent de nouveau face à face. Afin d’emporter la décision, l’un et l’autre nouèrent des accords avec l’industrie aéronautique allemande.

Ainsi, Lockheed-Martin se rapprocha de Rheinmetall Aviation Services, de MTU Aero Engines, d’Hensoldt et de Rohde & Schwarz… Tandis que Boeing en fit autant avec Airbus, Lufthansa Technik, Honeywell Aerospace et Rolls-Royce Deutschland.

Le choix de Berlin fut arrêté en juin 2022. Et, sans surprise, puisqu’il était donné favori, le CH-47F Chinook s’imposa. « Nous avons soigneusement pesé les avantages et les inconvénients ainsi que les risques, puis nous avons voté à l’unanimité en faveur de ce modèle. Le Chinook est moderne et éprouvé. Avec lui, nous renforçons notre capacité à coopérer en Europe. De plus, nous obtenons une flotte plus importante et gagnons en flexibilité », fit valoir Christine Lambrecht, alors ministre de la Défense.

Et, a priori, la question du prix fut également déterminante. « Le prix unitaire inférieur du CH-47F permet également d’acheter de plus grandes quantités, ce qui signifie une plus grande flexibilité opérationnelle pour les forces armées », souligna le ministère allemand de la Défense. Et d’insister sur les « risques financiers et techniques réduits » ainsi que sur les perspective de coopération avec d’autres pays de l’Otan ayant fait un choix analogue.

Grâce au fonds spécial de 100 milliards d’euros, la Bundeswehr pouvait alors espérer commander 60 CH-47F Chinook, pour environ 6 milliards d’euros. Mais, visiblement, les choses ne devraient pas encore se passer comme prévu…

Ainsi, selon Business Insider Allemagne, qui a sollicité plusieurs sources sources gouvernementales et industrielles, Boris Pistorius, qui vient de succéder à Mme Lambrecht, va trouver un cadeau de bienvenue dans il se serait bien passé… En effet, la facture pour les 60 CH-47F Chinook s’est envolée, passant de 6 à 12 milliards d’euros. En cause? Berlin aurait démandé des équipements « coûteux », dont « certains composants n’ont pas été entièrement développés ». Et l’inflation expliquerait le reste…

Cela étant, un porte-parole du ministère allemand de la Défense n’a pas confirmé cette information. « Nous n’avons pas encore reçu la lettre d’offre et l’acceptation des États-Unis, nous ne pouvons donc faire aucun commentaire quant au prix », a-t-il dit à l’agence Reuters.

Du côté de Boeing, on souligne que l’achat des Chinook doit faire l’objet d’un accord entre gouvernements… Sous-entendu : la question du prix sera abordée lors des négociations entre Berlin et Washington. Et celles-ci devraient aboutir cette année.

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