La première tentative de lancer des satellites depuis le Royaume-Uni s’est soldée par un échec

Au regard de l’importance prise par l’espace dans le domaine militaire, la capacité à placer sur orbite des satellites est indispensable si l’on veut garder une certaine autonomie stratégique. Sur ce point, l’échec d’une fusée Vega, en décembre dernier, et le retard pris par Ariane 6 ne sont pas de très bonnes nouvelles pour les Européens… Qui auront en plus à se passer des lanceurs russes Soyouz. D’autant plus que la concurrence d’acteurs privés, essentiellement américains, ne cesse de s’affirmer.

Justement, le Royaume-Uni a l’ambition de se doter de sa propre une capacité de lancement, en misant sur l’entreprise Virgin Orbit. Ainsi, le 9 janvier, la mission « Start me up » [en référence à une chanson des Rolling Stones] devait permettre de placer sur orbite neuf satellites – dont certains à vocation militaire – au moyen d’un Boeing B-747, celui-ci devant décoller depuis le « port spatial » de Cornwall [Cornouailles] avec une fusée « LauncherOne » de 21 mètres de long.

Dans le détail, fixée sous une aile du B-747 [appelé « Cosmic Girl »], la fusée doit s’en détacher une fois l’altitude requise atteinte pour ensuite quitter l’atmosphère terrestre et libérer les satellites qu’elle emporte une fois l’orbite prévue atteinte.

L’enjeu de « Start me up » était donc énorme puisque, en cas de réussite, le Royaume-Uni serait devenu le neuvième pays au monde à disposer de la capacité à lancer des satellites.

« Rejoindre ce club très exclusif est tellement important car cela nous donne notre propre accès à l’espace, cet accès souverain à l’espace que nous n’avons jamais eu auparavant au Royaume-Uni », fit ainsi valoir Melissa Thorpe, la directrice du port spatial des Cornouailles, avant le début du compte à rebours, sur les ondes de la BBC. Ce sera un « moment historique », avait souligné Alice Bunn, la présidente d’UKSpace, l’agence spatiale birtannique.

Si le mode de lancement avait déjà été testé à plusieurs reprises par Virgin Orbit [mais aux États-Unis], la mission « Start me up » ne s’est pas déroulée comme prévue. Si sa libération depuis le B-747 s’est passée normalement, la fusée LauncherOne a en effet connu « une anomalie » l’ayant empêchée d’atteindre l’orbite prévue, a expliqué Virgin Orbit. Le problème est survenu au moment de l’allumage du deuxième étage, alors que la vitesse du lanceur était d’environ 18’000 km/h.

Pour autant, Virgin Orbit a relativisé la porté de ce cet échec. « Bien que la mission n’ait pas atteint son objectof, en atteignant l’espace et en réalisant de nombreuses réalisations importantes pour la première fois, elle représente un pas en avant important », a fait valoir l’entreprise. « Ce vol a réuni […] un large éventail de partenaires, u compris l’Agence spatiale britannique, la Royal Air Force, l’autorité de l’aviation civile, la Federal Aviation Administration [des États-Unis], le National Reconnaissance Office [renseignement américain, ndlr] et plus encore. Il a démontré que le lancement spatial est réalisable depuis le sol britannique ».

« Bien que ce résultat soit décevant, le lancement d’un engin spatial comporte toujours des risques importants. Malgré cela, le projet a réussi à créer une capacité de lancement au port spatial des Cornouailles et nous restons déterminés à devenir le principal fournisseur de lancements commerciaux de petits satellites en Europe d’ici 2030, avec des lancements verticaux prévus depuis l’Écosse », a assuré Matt Archer, directeur des vols spatiaux commerciaux à l’UKSpace, en faisant référence à deux sites spatiaux qui seront bientôt opérationnels en Écosse.

Photo ; Virgin Orbit – Archive

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]