L’Agence européenne de défense finance un projet pour automatiser les opérations de ravitaillement en vol

Le ravitaillement en vol est toujours une phase délicate, surtout quand le pilote de l’avion qui doit recevoir du carburant a accumulé de la tension nerveuse et de la fatigue lors d’une mission de combat.

Pour rendre cette opération plus sûre, Airbus a mené à bien le projet A3R [Automatic Air-to-Air Refueling], afin d’automatiser les procédures relatives à un tel exercice, avec notamment l’appui du ministère singapourien de la Défense. Et c’est ainsi que, en juillet dernier, l’avion ravitailleur A330 MRTT est devenu le premier appareil à être certifié pour le ravitaillement en vol automatisé. Du moins en partie… Car il existe deux techniques pour transférer du carburant à un aéronef en vol.

La première repose sur une perche telescopique [encore appelée « Flying Boom »], laquelle s’emboîte sur un réceptable placé sur le dos de l’avion à ravitailler. C’est cette procédure qui est désormais automatisée avec l’A330 MRTT.

Quant à la seconde, dite « probe-and-drogue », elle consiste à déployer un tuyau souple, avec un panier au bout, derrière l’avion-ravitailleur. Le transfert de carburant se fait une fois que l’aéronef à ravitailler a introduit sa perche de ravitaillement dans le panier, lequel est rarement immobile. Et il souvent compliqué d’y arriver du premier coup.

Difficulté supplémentaire : le pilote doit faire en sorte que son appareil soit stable tant que la quantité de kérosène demandée n’a pas été livrée. La phase de déconnexion est toute aussi délicate : elle doit impérativement se faire dans l’axe pour ne pas casser le bout de la perche.

Aussi, l’Agence européenne de défense [AED] vient de lancer un nouveau projet de recherche visant à automatiser cette technique « probe-and-drogue ». Doté d’un budget de quatre millions d’euros sur deux ans, il sera dirigé par l’Espagne, en collaboration avec l’Allemagne. À noter que ces deux pays sont engagés dans le programme SCAF [Système de combat aérien du futur], conduit par la France.

« La manière dont le ravitaillement « probe-and-drogue » est effectuée est la même depuis 70 ans. Par exemple, il n’y a pas eu d’améliorations substantielles pour fournir une plus grande assistance aux aéronefs impliqués », fait valoir l’AED.

Ce projet de recherche va mobiliser les filiales espagnole et allemande d’Airbus Defence and Space, le groupe GMV [Espagne], le Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt, [DLR, Centre allemand pour l’aéronautique et l’astronautique] et AES Technology [Allemagne]. Des essais en vol seront effectués en 2024 avec un A330 MRTT espagnol et des chasseurs-bombardiers Tornado allemands.

Selon l’AED, ce projet va d’abord se concentrer sur le « compromis technologique nécessaire pour réaliser l’automatisation » de la procédure « probe-and-drogue », que ce soit pour les plateformes avec ou sans équipage. « Les technologies seront évaluées, prototypées et testées dans des scénarios réels. […] Les lacunes techniques à combler comprendront les capteurs, la capacité de calcul et l’adaptation à toutes les conditions météorologiques », précise-t-elle.

Et il est d’ores et déjà question de travailler sur un concept devant permettre d’améliorer la stabilité du panier, ce qui passera pas des essais en soufflerie. Enfin, ce projet « explorera de nouvelles façons de réaliser » des opérations de ravitaillement en vol, afin d’augmenter leur efficacité dans le cadre de « nouveaux scénarios à envisager dans le futur ».

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