L’armée ukrainienne a reçu des « mines à haut pouvoir de destruction » de fabrication française

Si les États-Unis, le Royaume-Uni et d’autres pays donnent le détail des équipements qu’ils fournissent à l’armée ukrainienne, les autorités françaises sont beaucoup plus discrètes sur la nature de l’aide militaire apportée à Kiev. Une démarche assumée par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, comme il s’en est expliqué auprès du Journal du Dimanche.

« Nous préférons faire que dire. C’est cela qui aide opérationnellement l’armée ukrainienne », a en effet affirmé M. Lecornu, avant de soutenir que le montant de l’aide fournie à Kiev est plus élevé que le chiffre de 160 millions d’euros avancé jusqu’ici.

« Le montant est significativement plus élevé. Ces livraisons [d’armes et d’équipements] ne sont pas une course à l’échalote entre alliés. Tout dépend aussi de l’avantage stratégique que ces armes offrent, la régularité des livraisons, de la formation qui permet aux soldats ukrainiens de s’en servir, etc », a ainsi affirmé le ministre.

Cela étant, et au-delà de la discrétion affichée par Paris au sujet de ses livraisons d’armes à Kiev, on sait que des missiles anti-chars MILAN et anti-aérien MISTRAL ont pris le chemin de l’Ukraine, de même que douze Camions équipés d’un système d’artillerie [CAESAr], bientôt rejoints par six autres exemplaires, et un « nombre significatif » de Véhicules de l’avant blindé [VAB].

Et probablement qu’il faut ajouter à cette liste la mine antichar à haut pouvoir de destruction [HPD F2]. Étant donné que celle-ci est en dotation au sein des forces françaises, belges et norvégiennes [et aussi suisses, sous l’appellation Panzerabwehrmine 88 – ou Pzaw Mi 88], on ne peut cependant pas avoir de certitude sur la provenance des exemplaires livrés à l’armée ukrainienne, qui a assuré en disposer.

En effet, une photographie montrant un officier ukrainien prendre la pose devant un stock de mines HPD F2 a récemment été diffusée via Twitter… De même qu’une vidéo d’un blindé russe présumé détruit par l’une d’elles.

« Elles sont meilleures que celles d’origine soviétique que nous avions », a commenté l’officier ukrainien à l’origine de ces documents.

La mine HPD F2 a été mise au point par Thomson-TRT Défense [TTD, devenu Thales Optronique SA en 2000, ndlr]. D’une masse totale de 7,2 kg, son fonctionnement repose sur l’effet « Misznay-Chardin », c’est à dire que le souffle de son explosion s’étend perpendiculairement à la couche de sa charge explosive. Composée d’un allumeur électronique qui détecte le passage d’un véhicule à sa verticale, elle peut perforer jusqu’à 150 mm de blindage.

Cette mine s’arme après un délai de dix minutes après avoir été enfouie [jusqu’à 1,5 mètre de profondeur, ndlr]. « Après 30 jours révolus », explique un document de l’École du Génie d’Angers, elle s’auto-neutralise. Dès lors, sa « localisation au détecteur de mine devient possible » et le « franchissement du champ de mines est sans danger ».

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