L’Allemagne bloque un don de vieux obusiers D30 de conception soviétique à l’Ukraine
Fin décembre, l’Estonie – membre de l’Otan – fit part de son intention de céder à l’Ukraine des missiles anti-char Javelin et 42 obusiers D30 [H63] qu’elle avait acquis auprès de la Finlande en 2009. « Grâce à l’expérience des Ukrainiens, nous avons également une idée plus précise de ce à quoi ressemble un conflit ou une bataille avec la Russie », avait alors justifié Peeter Kuimet, le responsable de la cooopération internationale au ministère estonien de la Défense.
Seulement, pour que de tels transferts d’armements puissent se faire, il faut obtenir préalablement l’autorisation des pays qui les ont vendues. Les missiles Javelin étant de facture américaine, Washington ne fit aucune difficulté. En revanche, le cas des obusiers D30 pose problème.
À l’origine, ces pièces d’artilleries de 122 mm avaient été déployées par l’Union soviétique en République démocratique allemande [RDA]. Puis elles furent récupérées par la Bundeswehr après la réunification, en 1990, avant d’être revendues à la Finlande. Aussi, pour les transférer aux forces ukraniennes, Tallinn doit donc avoir le feu vert de… Berlin. Or, pour le gouvernement allemand, il n’est pas question de le donner pour le moment.
« Le principe régissant les exportations d’armes est toujours le même – qu’elles viennent directement d’Allemagne ou de pays tiers – et aucune autorisation n’a été délivrée à ce stade », a expliqué un porte-parole du ministère allemand de la Défense, la semaine passée. Et cela vaut au gouvernement du chancelier Olaf Scholz d’être taxé de « complaisance » à l’égard de la Russie, à l’heure où celle-ci accentue sa pression militaire sur l’Ukraine tout en exigeant des garanties « juridiques » sur sa sécurité auprès des États-Unis et de l’Otan.
Tel est le point de vue de Varsovie. « J’observe avec inquiétude la situation en Ukraine et les réactions de nos voisins allemands face à la menace russe », a déclaré, ce 25 janvier, Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais. « Une grande déception est, entre autres, que l’Allemagne refuse son consentement pour la fourniture d’armes de l’Estonie à un État qui se prépare à se défendre contre un agresseur », a-t-il ajouté.
À Tallinn, on dit encore espérer l’autorisation de l’Allemagne pour envoyer les obusiers D-30 en Ukraine qui, a fait valoir Kalle Laanet, le ministre estonien de la Défense, « maintient aujourd’hui la ligne de front séparant l’Europe du conflit militaire avec la Russie ». Aussi, a-t-il continué, il est « important de soutenir » Kiev « de toutes les manières possibles ».