L’Estonie envisage de livrer des obusiers de 122 mm et des missiles Javelin à l’Ukraine

En faisant manoeuvrer ses troupes dans le voisinage de l’Ukraine afin de donner le sentiment qu’une offensive était probablement planifiée, la Russie a obtenu ce qu’elle cherchait sans doute depuis le début, c’est à dire amener les États-Unis et l’Otan à discuter des garanties « juridiques » sur sa sécurité qu’elle a détaillées dans deux projets distincts de traités sur l’architecture de sécurité en Europe.

Dans les grandes lignes, Moscou veut l’arrêt de l’élargissement de l’Otan, en particulier vers l’Ukraine et la Géorgie, et limiter les activités militaires dans les pays ayant rejoint l’Alliance après 1997. Ce qui est inacceptable pour Washington et l’Union européenne [UE], celle-ci n’ayant pas été invitée aux discussions que tiendront les diplomates russes et américains le 10 janvier prochain.

Alors que, à cette période de l’année, on s’adresse des voeux, Vladimir Poutine et Joe Biden, les présidents russe et américain se sont échangé des mises en garde au lors de leur second entretien téléphonique du mois pour évoquer le cas de l’Ukraine.

Ainsi, le premier a dit vouloir des « résultats » sur les garanties de sécurité qu’il exige car c’est la « seule façon de contenir l’aggravation des tensions » tandis que le second a prévenu que les États-Unis répondront de « façon résolue » à toute agression russe de l’Ukraine. Et donc par des sanctions puisqu’une intervention militaire au profit de Kiev est exclue. Ce à quoi le chef du Kremlin a répondu en assurant que des « sanctions massives » contre Moscou constitueraient une « erreur colossale ».

Quoi qu’il en soit, le soutien à l’Ukraine peut passer par des exercices avec ses forces armées, des conseils ou bien encore par des livraisons d’armes. Les États-Unis en ont ainsi livré, dont des missiles anti-char Javelin, des radars de contre-batterie ou bien encore des patrouilleurs, via une « Initiative d’assistance à la sécurité ». Et l’Estonie, qui redoute pourtant les visées de son voisin russe, envisage d’en faire de même.

En effet, responsable de la coopération internationale au ministère estonien de la Défense, Peeter Kuimet a confié à la EER [radio-télévision publique, ndlr] que Tallinn était en train d’étudier la possibilité de céder à Kiev 42 obusiers H-63 [ou D-30] de 122 mm ainsi que des missiles anti-char Javelin. Étant donné « la situation dans laquelle se trouve l’Ukraine, victime d’une agression russe depuis bientôt huit ans [en référence au Donbass et à la Crimée, ndlr], il n’est pas question de chicaner sur des kopecks », a-t-il dit. Et de préciser que l’objectif est d’identifier les domaines qui permettraient à l’Ukraine de renforcer ses propres capacités de défense et sa « dissuasion ».

En outre, a-t-il continué, « grâce à l’expérience des Ukrainiens, nous avons également une idée plus précise de ce à quoi ressemble un conflit ou une bataille avec la Fédération de Russie ».

Cela étant, pour transférer ces armements à l’Ukraine, l’Estonie doit d’abord obtenir l’autorisation de leurs pays d’origine. Si, a priori, les États-Unis ne devraient pas faire de difficulté pour les missiles Javelin, le cas des obusiers H-63 pourrait s’avérer plus compliqué. Ces systèmes d’artillerie, d’origine soviétique, ont en effet été acquis en 2009 auprès de la Finlande, qui elle-même les tenait de l’Allemagne, ces canons ayant été mis sur le marché, selon EER, après la réunification avec la RDA.

Sur le plan capacitaire, la cession de ces H-63 ne devrait pas poser de problème à l’armée estonienne étant donné qu’il est prévu de les remplacer par des K-9 Thunder, des obusiers automoteurs de 155 mm commandés auprès de la Corée du Sud. Et il est aussi question de l’achat de systèmes américains d’artillerie HIMARS.

Reste que le transfert de ces armes et munitions pourrait prendre des mois… Et que l’Ukraine n’a sans doute pas le temps d’attendre.

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