Forces spéciales : Décès du capitaine de frégate Richard Marcinko, fondateur de la Seal Team Six

Dans la nuit du 1er au 2 mai 2011, et du moins aux yeux du grand public, le Naval Special Warfare Developement Group [DEVGRU], c’est à dire l’équipe n°6 des Navy Seals [Seal Team Six], passa de l’ombre à la lumière pour avoir éliminé Oussama Ben Laden, le chef d’al-Qaïda responsable des attentats du 11 septembre 2001, lors d’une audacieuse opération menée à Abbottabad [Pakistan].

Depuis, on ne compte plus les articles, les livres, les séries télévisées, les films et autres jeux vidéos qui évoquent cette unité, créée en 1980, après l’affaire des otages retenus à l’ambassade des États-Unis en Iran et, surtout, l’échec de l’opération Eagle Claw, qui avait été menée pour les libérer.

À l’époque, un vétéran des opérations spéciales, le capitaine de frégate Richard Marcinko, fut désigné pour en poser les fondements et en devenir son premier chef. Or, selon une annonce de sa famille, il s’est éteint le soir de Noël, terrassé par un malaise.

Né en 1940 d’un père croate originaire de Bosnie-Herzégovine et d’une mère slovaque, Richard Marcinko fut d’abord tenté par une carrière dans l’US Marine Corps [USMC]. Mais, n’étant pas diplômé du secondaire, il s’engagea finalement dans l’US Navy, en tant que spécialiste radio, à l’âge de 18 ans.

Puis, au bout de trois années de service, il reçut une formation de nageur de combat, avant d’obtenir les diplômes et les qualifications qui lui faisaient défaut pour devenir officier. Promu enseigne de vaisseau, il fut affecté à la Seal Team 2, en 1966. Il s’illustra au Vietnam au sein de cette unité, notamment lors d’un assaut sur l’île d’Ilo Ilo [18 mai 1967], qui sera qualifié, plus tard, comme ayant été l’opération des SEALs la « plus réussie dans le delta du Mékong ».

Après avoir été affecté au Cambodge en tant qu’attaché naval, au début des années 1970, l’officier prit le commandement de la Navy Seal 2 [1974-76] avant d’occuper un poste en état-major, en particulier au sein d’un groupe de travail appelé « Terrorist Action Team ».

Quand la décision de créer une troisième équipe des Navy SEALs dédiée aux opérations anti-terroristes, Richard Marcinko fut ainsi désigné non seulement pour la commander mais aussi pour élaborer ses concepts. Pour l’anecdote, il aurait choisi de la nommer « Seal Team 6 » pour semer la confusion chez les Soviétiques, les Seals ne comptant alors que deux équipes.

Trois ans après posé les fondements et de la Seal Team 6, le capitaine de frégate Marcinko fut ensuite chargé de mettre sur pied une « équipe de coordination de la sécurité navale », appelée OP-06D [ou, officieusement, Red Cell]. Celle-ci devait alors évaluer la vulnérabilité des unites de l’US Navy face à la menace terroriste.

La carrière militaire de Richard Marcinko fut assombrie par une affaire de pot-de-vin, dans le cadre d’un marché public. Ce qui lui vaudra d’être condamné à 21 mois de prison et à une amende de 10’000 dollars. Mais il ne reconnut jamais les faits qui lui étaient reprochés, soutenant qu’il faisait l’objet d’une « chasse aux sorcières » pour ses activités à la Red Cell et que le fraude dont il était accusé révélait surtout les faiblesses de la sécurité militaire.

Quoi qu’il en soit, revenu à la vie civile, l’ex-Navy Seal se mit à l’écriture [son autobiographie, « Rogue Warrior », fera partie des meilleures ventes], anima une émission de radio au ton conservateur [America on Watch] et se lança dans les affaires, en créant des sociétés de conseil en sécurité. [SOS Temps Inc et Red Cell International].

Actuellement, la Seal Team 6 compte 300 opérateurs, répartis dans sept escadrons, dont quatre de combat, un de formation [Green Squadron], un d’assaut naval [Grey Squadron] et un de renseignement [Black Squadron].

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