Les États-Unis pourraient accroître leur présence militaire en Grèce pour surveiller les accès à la mer Noire

Ces dernières années, sous l’impulsion de l’administration Trump, les États-Unis ont significativement renforcé leur coopération militaire avec la Grèce, alors que, dans le même temps, leurs relations avec la Turquie se dégradaient, les sujets de mésentente s’étant accumulés.

Ainsi, en 2019, Athènes et Washington [membres de l’Otan, ndlr] s’entendirent pour prolonger et étendre la portée de leur « Accord de coopération de défense mutuelle » [MDCA], en vigueur depuis 1990. Dans le détail, les États-Unis furent autorisés à déployer des drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper sur la base de Larissa et à utiliser celle Stefanovikio. En échange, ils s’engagèrent à financer la modernisation de certaines de leurs infrastructures.

En outre, l’US Navy obtint un accès, « sans entrave », aux ports de Souda [Crète] et d’Alexandroupoli, situé non loin du détroit des Dardanelles [et donc de la mer Noire].

Visiblement, l’alternance politique à Washington n’a pas remis en cause l’intérêt des États-Unis pour la Grèce. Et cela pour plusieurs raisons, récemment relevées par l’Atlantic Council. Pour résumer, il s’agit de miser sur Athènes afin de mieux contrer les visées de certaines puissances [dont la Russie, la Turquie mais aussi… la Chine]. « L’administration Biden devrait tirer parti des relations avec la Grèce pour promouvoir la stabilité et renforcer son influence dans la région », avait-il souligné.

Aussi, en mai dernier, le ministre grec de la Défense, Nikos Panagiotopoulos, avait laissé entendre que la coopération militaire avec les États-Unis allait encore se reforcer, à la faveur de discussions portant, à nouveau, sur la prolongation du MDCA. Et il était question de donner un accès aux forces américaines à d’autres bases du pays.

Pour le moment, ces discussions ne sont toujours pas finalisées. Cela étant, la semaine passée, le quotidien grec I Kathimeriní, a expliqué que les « développements en Afghanistan et la déstabilisation de la région au sens large incitent Washington à rechercher des alliances plus stables dans la région de la Méditerranée orientale » et en particulier avec la Grèce.

Et d’ajouter : « Compte tenu du rôle accru de la Turquie après la prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans, les analystes pensent que c’est le moment idéal pour une mise à niveau des relations gréco-américaines afin de faire tenir à Athènes un rôle central dans la région ».

D’après le journal, les discussions portent sur la possibilité qui serait donnée aux forces américaines d’utiliser d’autres bases grecques, dont celles situées à Evros et à Xanthi. Celles-ci ont le point commun d’être implantées dans le nord du pays, non loin de la frontière turque [et des détroits menant à la mer Noire]. Il est aussi question d’une implantation sur l’île de Skyros, en mer Égée. « Ce sont des endroits où la Grèce veut une empreinte américaine accrue », avance-t-il. Et le port de Kavala est également cité.

En retour, Athènes souhaiterait de Washington un engagement plus affirmé en faveur d’un « règlement pacifique des différends en Méditerranée orientale » avec Ankara.

Photo : US Air Force

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