Sahel : Le soutien logistique du groupement européen de forces spéciales Takuba sera assuré par une agence de l’Otan
Créé à l’initiative de Paris dans la foulée du sommet de Pau, qui avait réuni la France et les pays membres du G5 Sahel [Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad], le groupement européen de forces spéciales a atteint sa pleine capacité opérationnelle en avril dernier, grâce aux contributions de l’Estonie, de la République tchèque et de la Suède. L’Italie est par ailleurs sur le point de le rejoindre, avec des moyens significatifs. Et la participation d’autres pays européens est régulièrement annoncée. Ce sera ainsi le cas du Danemak, dont le Parlement a récemment donné son feu vert.
La mission principale du groupement Takuba, qui relève pour le moment de la force Barkhane, est d’accompagner les armées locales au combat. Et, au regard de l’évolution annoncée du dispositif militaire français au Sahel, qui se concentrera dorénavant sur les opérations de contre-terrorisme et la formation, cette unité européenne est appelée à tenir un rôle de plus en plus important [à condition que les contributions suivent…].
Actuellement, et dans l’attente de l’intégration des militaires italiens, le groupement Takuba compte 600 militaires, placés sous le commandement du général français Philippe Landicheff. Il compte deux « task group » [l’un à Gao, l’autre à Menaka], d’une force de protection, d’une force de réaction rapide ainsi qu’une antenne de réanimation, de chirurgie et de sauvetage [ARCS].
Or, prochainement, le soutien logistique de Takuba sera assuré par une agence de l’Otan, à savoir la Nato support and procurement agency [NSPA – Agence de soutien et d’acquisition de l’Otan]. C’est en effet ce qu’a annoncé l’État-major des armées [EMA], ce 14 juin.
En effet, la semaine passée, le général Marboeuf, Officier général relations internationales militaires [OGRIM] de l’EMA, a signé un « arrangement technique dit de soutien de logistique » par la NSPA au profit de Takuba.
« Cette signature est une étape décisive avant l’envoi effectif de personnel de l’agence otanienne sur le théâtre d’opérations en bande sahélo-saharienne », souligne l’État-major des armées, selon qui ce « projet constitue une première dans de nombreux domaines » et donc un « véritable défi ».
La NSPA a déjà apporté un soutien logistique aux opérations menées par l’Otan en Afghanistan et dans les Balkans; Désormais, elle va donc faire la même chose pour une « force multinationale européenne, dont la France est nation-cadre, sur le continent africain ». Ses prestations concerneront l’alimentation, le soutien base vie [laverie, gestion des déchets, énergie et eau], la maintenance des infrastructures, le carburant ainsi que les transports terrestres et aériens intra-théâtres.
« Ce nouveau partenariat gagnant-gagnant, qui renforce de fait le recours du soutien de la NSPA par les armées françaises, est également une excellente opportunité pour l’Agence de renforcer sa capacité à soutenir les alliés et partenaires de l’Otan », assure l’EMA.
Cet accord signé avec la NSPA entre dans le « contexte de la préparatoire du post-Barkhane », poursuit l’EMA, pour qui il « témoigne […] de l’engagement de la France à installer durablement la TF TAKUBA au Mali au bénéfice de la coopération opérationnelle avec nos partenaires africains. »
L’Otan explique que la NSPA a la mission de « fournir, au profit des systèmes et des opérations, des services de soutien logistique adaptés, efficaces et intéressants sur le plan financier. » Et d’ajouter : « Concrètement, les services que la NSPA offre à ses clients, partout dans le monde, sont les suivants : acquisition, exploitation et maintenance de systèmes d’armes, approvisionnement en carburant, services portuaires, logistique des aérodromes, transport aérien, services de santé et de restauration et soutien des bases. L’Agence regroupe et centralise les fonctions de gestion logistique, permettant ainsi à ses clients de réaliser des économies d’échelle. »
