La Pologne, l’Italie et la Belgique vont bénéficier de la réduction des forces américaines en Allemagne
La décision de l’Allemagne d’acquérir des avions de combat F/A-18 Super Hornet et EA-18 Growler auprès de Boeing pour s’acquitter de ses obligations à l’égard de l’Otan [plans nucléaires et capacités de guerre électronique] n’aura pas fait changer d’avis le président Trump, qui, depuis le début de son mandat, s’en prend régulièrement à Berlin pour sa participation au projet russe de gazoduc Nord Stream 2 ainsi que pour la faiblesse de ses dépenses militaires.
Ainsi, en juin, le chef de la Maison Blanche avait confirmé son projet de réduire drastiquement la présence des forces américaines outre-Rhin, évoquant le retrait de plus de 9.000 militaires. « L’Allemagne a des arriérés, ça fait des années qu’ils ont des arriérés et ils doivent des milliards de dollars à l’Otan, et il faut qu’ils paient. […] Nous protégeons l’Allemagne et ils ont des arriérés, c’est ridicule « , avait-il alors martelé, fustigeant au passage les désaccords commerciaux avec Berlin.
Ce 29 juillet, M. Trump a remis un dollar dans la machine. « On en a marre d’être des pigeons. […] Nous réduisons nos forces parce qu’ils ne paient pas. C’est très simple », a-t-il encore répété. Et, selon les plans présentés par le chef du Pentagone, Mark Esper, l’ampleur de la réduction des forces américaines devrait être plus importante qu’annoncé, puisqu’il est question de retirer 11.900 militaires d’Allemagne.
Ce qui va profiter à la Pologne et aux pays baltes, ainsi qu’à la Belgique et à l’Italie, deux pays dont l’effort de défense est loin de l’objectif des 2% de PIB fixés par l’Otan [mais avec les difficultés économiques créées par la pandémie de covid-19, ils n’en sont doute plus très loin…].
Dans le détail, 6.300 militaires américains – dont ceux du 2nd Cavalry Regiment – regagneront les États-Unis. Et 5.600 seront redéployés sur le Vieux Continent, dont 2.000 en Italie [il est question d’un escadron de chasse] et en Belgique, qui va récupérer le siège du commandement militaire américain en Europe [US EUCOM], ce dernier devant quitter Stuttgart pour Mons, où est implanté le quartier général de l’Otan.
L’Allemagne pourrait perdre aussi le commandement militaire américain pour l’Afrique [US AFRICOM], mais aucune décision n’a encore été prise au sujet de son éventuel futur point de chute.
Récemment réactivé, le quartier général du 5e Corps de l’US Army prendra la direction de la Pologne, qui accueillera d’autres unités [il est question d’un escadron de F-16, ndlr]. Quant aux pays baltes, M. Esper a précisé que des abritrages seront rendus qu’une fois après avoir obtenu un accord concernant le statut qu’ils donneront aux forces américaines [SOFA].
Si M. Trump a expliqué que ces mouvements étaient dus au fait que l’Allemagne « ne payait pas ce qu’elle devait à l’Otan » et qu’ils pourraient être abandonnés si Berlin décidait de « payer plus », le Pentagone a fait valoir qu’ils répondaient avant tout à des impératifs stratégiques, c’est à dire à la nécessité de dissuader la Russie.
« Ce remaniement est guidé par 5 principes, dont la dissuasion de la Russie, le renforcement de l’Otan et la consolidation du flanc sud-est de l’Otan près de la mer Noire », a dit M. Esper.
« Tout en espérant que la Russie et la Chine adopteront un comportement plus productif et plus coopératif à l’avenir, nous positionnons nos forces de manière à dissuader les agressions et à contrer leur influence malveillante », a ajouté le général John Hyten, le numéro deux de l’état-major interarmées américain.