Tensions avec l’Arménie : L’Azerbaïdjan accueille des hélicoptères d’attaque turcs T-129 pour des exercices

Le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan est dit « gelé », c’est à dire que ces deux pays n’ont toujours pas trouvé d’accord au sujet du différend qui les oppose, en l’occurrence le statut du Nagorny-Karabakh. Ce qui donne lieu régulièrement à des escarmouches, voire à des affrontements plus sérieux, comme en avril 2016 avec la guerre dite des « quatre jours », lancée à l’initiative de Bakou.

Mais la situation s’est envenimée le 12 juillet dernier, avec des échanges de tirs s’étant produits non pas dans le secteur du Nagorny-Karabakh… mais dans celui de Tovuz, situé à environ 200 km plus au nord. Or, pour l’Azerbaïdjan, cette région est sensible pour l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan y transite pour acheminer du pétrole jusqu’au port turc de Ceyhan et qu’un gazoduc devant emprunter le même chemin y sera prochainement inauguré.

Quoi qu’il en soit, depuis, Erevan et Bakou se renvoient la balle au sujet de responsabilité de ces récents combats, lesquels ont démontré que les forces arméniennes avaient visiblement gagné en efficacité [avec plusieurs drones azerbaïdjanais abattus, dont, a priori, un Hermes 900 de facture israélienne, ndlr]. En tout cas, il est difficile de savoir qui a ouvert les hostilités, l’un et l’autre ayant de bonnes raisons de le faire. À moins qu’il ne s’agisse que d’une « erreur d’appréciation »…

En tout cas, la rivalité entre ces deux pays se double d’une lutte d’influence entre la Russie et la Turquie. Ainsi, disposant d’une base aérienne à Gyumri [nord de l’Arménie], Moscou soutient Erevan, qui est par ailleurs membre de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective [OSTC], une alliance politico-militaire dans le style de l’Otan. Quant à Ankara, ses liens avec Bakou sont étroits et anciens [ils sont même décrits par la formule « une seule nation, deux États »]. Et cela se traduit évidemment dans le domaine militaire.

En 2010, il fut rapporté que l’Azerbaïdjan avait autorisé l’implantation de bases militaires étrangères sur son territoire, ce qui donna lieu à des spéculations sur une éventuelle présence turque dans la région de Nakhitchevan, une enclave azerbaïdjanaise située au milieu de l’Arménie. Depuis, rien n’a filtré sur ce projet.

Jusqu’à ce 29 juillet. En effet, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé l’arrivée d’hélicoptères d’attaque T-129 turcs [acheminés par A400M, nldr] dans la région de Nakhitchevan. Ces appareils doivent participer à des manoeuvres interarmées « à grande échelle », a précisé la même source. Aucune précision sur l’ampleur de la participation turque n’a été donnée.

Pour rappel, les hélicoptères d’attaque T129 ont été développés dans le cadre d’une coopération entre AgustaWestland et Turkish Aerospace Industries.

À Erevan, on se dit inquiet de la tenue de ces exercices, qui pourraient être un prétexte à une implication turque dans le conflit qui l’oppose à Bakou. Pour la diplomatie arménienne, ces manoeuvres font partie des « actes de provocation » commis par l’Azerbaïdjan pour « faire obstacle aux efforts des médiateurs internationaux pour désamorcer la situation à la frontière arméno-azerbaïdjanaise et lancer des pourparlers sur la résolution du conflit du Haut-Karabagh. »

« Le ministère arménien de la Défense et les forces armées suivront très attentivement le déroulement et les tendances des exercices militaires conjoints azerbaïdjanais et turcs prévus du 29 juillet au 10 août », a prévenu Shushan Stepanian, le porte-parole de la défense arménienne.

Cela étant, dans cette affaire, la Russie est prête à offrir sa médiation. Et, selon un communiqué publié le 27 juillet par le Kremlin, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyep Ergdogan, se seraient mis d’accord pour « le conflit uniquement par des moyens pacifiques » et « à coordonner leurs efforts pour stabiliser la région. »

Photo : ministère azerbaïdjanais de la Défense

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