Guyane : Une information judiciaire ouverte un an après la mort de 3 militaires lors d’une opération contre l’orpaillage illégal

Le 18 juillet 2019, le ministère des Armées annonçait la mort de sergent-chef Edgar Roellinger, du caporal-chef de 1ère classe Cédric Guyot et du caporal-chef Mickaël Vandeville, trois sapeurs du 19e Régiment du Génie, lors d’une intervention sur un site d’orpaillage illégal menée dans le cadre de l’opération Harpie, en Guyane. Cinq autres militaires avaient été blessés, dont un gravement.

Selon les explications données à l’époque, les sapeurs avaient été victimes d’émanations toxiques au fond d’une galerie alors qu’ils s’apprêtaient à placer des explosifs pour détruire une installation souterraine creusée par les orpailleurs illégaux. Un « plan blanc » avait été déclenché afin de mettre en oeuve des mesures sanitaires d’urgence.

Un an plus tard, le parquet de Cayenne a annoncé avoir requis une une information judiciaire contre X pour « homicides et blessures involontaires ». Le procureur de la République, Samuel Finielz, a précisé que « les investigations du juge d’instruction auront pour objectif de déterminer si les conditions de mise en œuvre des protocoles militaires de sécurité applicables à ce type d’opération […] ont été respectées ou pas. »

Le 17 juillet 2019, les trois militaires du 19e RG étaient descendus dans la galerie n°6 du site d’orpaillage clandestin, situé dans le secteur Saint-Jean sur le Petit Abounami [sud-ouest de la Guyane]. Or, plus tôt, une autre galerie, portant le numéro 5, avait « fait l’objet de deux destructions […] à 11h30 puis à 15h15 ».

Et selon le procureur, les « constatations des enquêteurs et des sapeurs-pompiers […] à l’aide de fumigènes ont établi que la galerie n°5 communique avec la galerie n°6. Les gaz générés par cette double explosion ont par conséquent pu être présents dans la galerie n°6 », au moment de l’intervention des sapeurs.

« L’analyse effectuée par la Direction générale de l’armement des différents types de gaz générés par la combustion des explosifs met en évidence la présence de monoxyde de carbone », a précisé le procureur. « Les expertises convergent vers une intoxication des militaires au monoxyde de carbone », a-t-il ajouté.

En effet, rapporte France Guyane, les expertises ont déterminé que les « teneurs élevées de carboxyhémoglobine dans le sang sont compatibles avec la survenue d’effets toxiques potentiellement létaux en l’absence d’une prise ne charge immédiate. La présence de monoxyde de carbone, généré par la combustion d’explosifs, est donc bien à l’origine de ces trois décès par intoxication. Elle rejette de fait l’hypothèse émise il y a un an sur une intoxication au cyanure. »

Cependant, le procureur a indiqué que d’autres expertises complémentaire devront être effectuées, notamment sur le détecteur de gaz utilisé lors de l’intervention. Et les investigations conduites dans le cadre de cette information judiciaire auront pour « objectif de déterminer si les conditions de sa mise en œuvre au cours des opérations de destructions de mines aurifères illégales menées ce 17 juillet 2019 ont été respectées », a-t-il insisté.

Photo : EMA / Archive

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