Milrem Robotics espère révolutionner l’infanterie mécanisée avec le robot Type-X RCV

Le 17 juin, il a été annoncé que le projet de robot militaire iMUGS [Integrated Modular Unmanned Ground System] allait être doté d’une enveloppe de 30,6 millions d’euros, attribuée au titre du Programme européen de développement industriel dans le domaine de la défense [PEDID], précurseur du Fonds européens de défense [FEDef].

Retenu dans le cadre de la Coopération structurée permanente [CSP ou PESCO], qui vise à promouvoir la coopération des États membres de l’Union européenne dans le domaine de la défense, le projet iMUGS est porté par un consortium emmenée par l’entreprise estonienne Milrem Robotics. Aussi, il sera développé sur la base du THeMIS [Tracked Hybrid Modular Infantry System], un robot chenillé modulaire pouvant s’adapter à différents profils de mission.

En effet, le THeMIS peut être utilisé pour transporter des charges de 730 kg, dégager une route encombrée grâce à sa capacité de traction [il a ainsi pris en remorque un VBCI de 32 tonnes, au Mali] ou encore faire de la surveillance de zone en étant associé à un drone aérien. En outre, il est possible de lui ajouter de l’armement, comme l’ont montré les concepts présentés par MBDA [avec le Missile Moyenne Portée, ce qui en fait un « tueur » de chars] et Nexter [avec un canon de 20 mm] lors de l’édition 2018 du salon EuroSatory.

Mais, avec sa filiale suédoise Sinrob Technologies AB, implantée à Örnsköldsvik, Milrem Robotics entend passer à la vitesse supérieure avec un nouveau robot terrestre : le Type-X Robotic Combat Vehicle [RCV]. Comme le THeMIS, cet engin sera modulaire. Mais il sera aussi au moins 8 fois plus lourd, avec une masse de 12 tonnes… mais nettement plus léger que les véhicules blindés traditionnels tout étant 33 à 50% moins cher selon les configurations.

« Il s’agit d’un projet extrêmement passionnant qui présente de nouveaux défis » pour nos ingénieurs, fait valoir Sverker Svärdby, directeur du projet Type-X et directeur général de Sinrob Technologies AB. « C’est une expérience exceptionnelle de voir comment les équipes d’Örnsköldsvik et de Tallinn travaillent ensemble et se complètent tout en créant quelque chose de si innovant », abonde Kuldar Väärsi, PDG de Milrem Robotic.

Pour l’un comme pour l’autre, le Type-X RCV promet en effet d’être le « véhicule de combat robotisé le plus moderne au monde ». Doté d’un système de propulsion hybride [diesel-électrique], cet engin, doté de chenilles en caoutchouc, aura une autonomie de 600 km et pourra atteindre la vitesse maximale de 80 km/h sur route [et de 50 km/h hors piste]. Avec un châssis de 2,2 mètres de hauteur, de 2,9 mètres de large et de 6 mètres de longueur, il présente une silhouette basse qui le rendra plus difficile à détecter sur le terrain et plus facilement transportable par avion ou par hélicoptère.

Pouvant transporter des soldats, le Type-X RCV sera aussi en mesure d’effectuer toute une gamme de missions, que ce soit en soutien de l’infanterie mécanisée, en fournissant à cette dernière une capacité d’appui-feu direct ou en protection de convois. Mais d’autres applications seront possibles, que ce soit en matière d’artillerie, de génie ou de défense anti-aérienne.

Dans un premier temps, Milrem Robotics a donc dévoilé, le 18 juin, une version de son futur robot terrestre dotée d’une tourelle de 2 tonnes, en l’occurrence la CPWS II [Cockerill Protected Weapon Station] de John Cockerill Defence. Cette dernière peut être armée d’un canon de 25/30 mm. Mais d’autres tourelles, offrant une puissance de feu plus importante, peuvent être envisagée.

« En ce qui concerne la tourelle, nous travaillons actuellement avec trois principaux fabricants que je ne peux pas encore mentionner, le canon étant considéré comme l’élément critique de la mission et étant ainsi protégé au niveau 4, tandis que le châssis est protégé au niveau 1 », a expliqué Kuldar Väärsi à EDR On-Line.

Quoi qu’il en soit, et même s’il aura évidemment recours à l’intelligence artificielle, le Type X RCV n’est pas conçu pour utiliser ses armes de manière autonome. En clair, il lui faudra recevoir un ordre émis par un opérateur humain pour engager une cible.

« Suite à notre réussite avec le THeMIS, qui founit un soutien logistique aux unités d’infanterie, nous avons commencé à penser comment soutenir les formations mécanisées. Nous avons donc eu une idée sur la façon de soutenir les chars de combat et les véhicules de combat d’infanterie, en discutant avec des clients potentiels, jusqu’à ce que l’un d’entre eux, que je ne peux pas mentionner, ait manifesté un intérêt certain, nous permettant de démarrer le véritable programme de développement il y a environ deux ans », a raconté M. Väärsi. Les pronostics pour savoir qui est ce client mystère sont donc ouverts….

En attendant, le Type X RCV doit encore faire ses preuves. Les premiers essais d’un prototype devraient commencer d’ici l’automne prochain.

Photos : MILREM ROBOTICS

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