M. Trump prévient que 52 sites seront visés en Iran en cas d’attaque contre les intérêts américains
Les appels à la vengeance contre les États-Unis se sont multipliés après l’annonce de la mort du général iranien Qassem Soleimani, le chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution, et de celle d’Abou Mehdi al-Mouhandis, le numéro deux du Hachd al-Chaabi, une coalition de milices chiites inféodées à Téhéran, lors d’un raid américain mené le 3 janvier à l’aéroport de Bagdad.
Ainsi, le Conseil suprême de la sécurité nationale iranien a juré de venger « au bon endroit et au bon moment » la mort du général Soleimani, affirmant que les États-Unis avait commis leur « plus grave erreur ».
Quant aux Hachd al-Chaabi, l’une de ses factions, le Kata’ib Hezbollah, a appelé les forces irakiennes à s’éloigner « d’au moins 1.000 mètres » des bases où sont déployés des militaires américains à partir du 5 janvier, à 17 heures. Sans attendre l’échéance de cet ultimatum, des obus de mortier et des roquettes ont été tirés en direction de la zone verte de Bagdad, où est implantée l’ambassade des États-Unis et d’une base américaine située plus au nord.
« Les voyous [du Kata’ib Hezbollah] disent aux forces de sécurité irakiennes d’abandonner leur devoir de protéger [l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad] et d’autres endroits où des Américains travaillent côte à côte avec les courageux Irakiens. […] Le fait que le régime iranien dit au gouvernement irakien ce qu’il a à faire met en danger la vie des patriotes irakiens », a réagi Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, via Twitter. Mais « le peuple irakien veut se libérer du joug iranien », a-t-il ajouté.
Cela étant, ce 5 janvier, le Parlement irakien doit tenir une séance extraordinaire au cours de laquelle il pourrait voter l’expulsion des forces américaines du pays. Dans ce contexte, l’opération Inherent Resolve [OIR], c’est à dire la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, a suspendu la formation des forces irakiennes. L’Otan en a fait de même avec sa mission d’entraînement qu’elle a lancée au profit des soldats irakiens.
Avec le retrait de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en juillet 2015, les tensions entre les États-Unis et l’Iran vont crescendo. Surtout depuis la défaite du califat autoproclamé par l’État islamique [EI ou Daesh], qui était alors un ennemi commun.
Ces derniers mois, plusieurs incidents ont affecté la navigation maritime dans le détroit d’Ormuz et le secteur pétrolier saoudien a été directement visé par des frappes attribuées à Téhéran. Ce qui a conduit Washington a renforcer sa posture militaire au Moyen-Orient.
En Irak, où les autorités en place font face à une crise politique et sociale, marquée par des manifestations réprimées dans le sang, le Hachd al-Chaabi a été accusé d’avoir commis plusieurs attaques contre des bases abritant des militaires américains. La dernière, lancée le 27 décembre contre la base K1, près de Kirkouk, a fait un tué et plusieurs blessé, ce qui provoqué la réaction des États-Unis qui, en représailles, ont ciblé des positions du Kata’ib Hezbollah.
Les évènements se sont ensuite précipités, avec l’attaque de l’ambassade des États-Unis à Bagdad par des éléments du Hachd al-Chaabi et la mort du général Soleimani. D’où la situation actuelle.
C’est donc dans ce contexte que le président américain, Donald Trump, a averti une nouvelle fois les dirigeants iraniens. « S’ils attaquent encore, ce que je leur conseille fortement de ne pas faire, nous les frapperons plus fort qu’ils n’ont jamais été frappés auparavant! », a-t-il lancé via Twitter.
The United States just spent Two Trillion Dollars on Military Equipment. We are the biggest and by far the BEST in the World! If Iran attacks an American Base, or any American, we will be sending some of that brand new beautiful equipment their way…and without hesitation!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 5, 2020
Et de préciser que 52 lieux, tous situés en Iran, figurent sur la liste des cibles susceptibles d’être visées par les forces américaines. Certains de ces sites, a continué M. Trump, sont « de très haut niveau et très importants pour l’Iran et pour la culture iranienne. »
Le chiffre de 52 sites n’est pas anodin : il correspond, selon M. Trump, au nombre d’Américains retenus en otage pendant plus d’un an à l’ambassade des États-Unis à Téhéran, en 1979 [en réalité, ils furent 53, ndlr].
….targeted 52 Iranian sites (representing the 52 American hostages taken by Iran many years ago), some at a very high level & important to Iran & the Iranian culture, and those targets, and Iran itself, WILL BE HIT VERY FAST AND VERY HARD. The USA wants no more threats!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 4, 2020
Cela étant, cet avertissement n’est apparemment pas pris au sérieux en Iran. « Ils disent ce genre de choses pour détourner l’attention de l’opinion mondiale de leur acte odieux et injustifiable [la frappe contre le général Soleimani, ndlr] mais je doute qu’ils en aient le courage », a en effet réagi le général Abdolrahim Moussavi, commandant en chef de l’armée iranienne, cité par l’agence Irna.
En juin 2019, après qu’un drone HALE [Haute Altitude Longue Endurance] RQ-4 mis en oeuvre par l’US Navy fut abattu par la défense aérienne iranienne près du détroit d’Ormuz, les États-Unis avaient envisagé de mener des frappes en représailles… Mais, alors que les chasseurs-bombardiers étaient sur le point de décoller, le président Trump avait annulé l’opération.
« J’ai demandé combien de personnes allaient mourir. 150 personnes, Monsieur, a répondu un général. [Ce n’était] pas proportionné par rapport à une attaque contre un drone », avait alors expliqué le chef de la Maison Blanche. « Je ne suis pas pressé, notre armée est […] prête et de loin la meilleure au monde », avait-il ajouté.
A priori, les représailles américaines eurent lieu dans le cyberespace, avec une attaque informatique contre les réseaux des Gardiens de la révolution.