Une base abritant des militaires américains visée par les jihadistes somaliens au Kenya

Depuis qu’il a envoyé ses troupes en Somalie, fin 2011, le Kenya est devenu l’une des cibles des shebabs, les jihadistes somaliens affiliés à al-Qaïda. Ces derniers y ont commis des attaques particulièrement meutrières, comme celles ayant visé le centre commercial Westgate, à Nairobi [67 tués en 2013], l’Université de Garissa [152 tués, en 2015] ou encore le complexe hôtelier DusitD2 [21 tués à Nairobi, en janvier 2019].

Les régions frontalières font régulièrement l’objet d’infiltrations jihadistes. « Les shebabs ont […] perpétré un nombre sans précédent d’attentats à l’explosif improvisé et d’autres attaques de part et d’autre de la frontière entre le Kenya et la Somalie en juin et juillet 2019, peut-être dans le but d’exploiter les tensions entre les deux pays », relevait récemment un rapport des Nations unies.

Outre le recours aux IED, les jihadistes somaliens tendent aussi des embuscades, comme cela a encore été le cas le 2 janvier, un bus parti de Monbasa pour rejoindre Lamu ayant la cible de tirs ayant fait trois tués. L’attaque, revendiquée par les shebabs, a été qualifiée… « d’incident isolé » par les autorités kényanes.

Mais, ce 5 janvier, les shebabs ont changé de cible en s’attaquant au Camp Simba qui, situé à une centaine de kilomètres de la frontière, abrite des forces américaines [475th Expeditionary Air Base Squadron, ndlr] et kényanes.

Dans leur communiqué revendiquant cette attaque, les jihadistes somaliens affirment qu’ils ont « réussi à prendre d’assaut la base militaire fortement fortifiée » et « pris le contrôle effectif d’une partie de la base. » Et de prétendre qu’ils ont infligé des pertes aux militaires américains et kényans. Ce qui a été démenti par Nairobi.

« Il y a eu une tentative à 05H30 pour briser la sécurité de la piste aérienne de Manda Air Strip », a expliqué le colonel Paul Njuguna, le porte-parole de l’état-major kényan. « La tentative de brèche a été repoussée avec succès. Jusqu’à présent, les corps de quatre terroristes ont été retrouvés. La piste d’atterrissage n’a pas été touchée. Après cette tentative infructueuse [menée par les shebabs] un incendie s’est déclaré touchant des réservoirs de carburant situés sur la piste d’atterrissage », a-t-il continué, avant de précisé que le feu avait été maîtrisé et que « les procédures de sécurité standard étaient actuellement appliquées. »

Un responsable local kényan, cité par l’AFP, a confirmé que l’attaque des shebabs avait été « repoussée », sans pour autant être en mesure de dire s’il y avait eu des pertes.

De son côté, l’US AFRICOM, le commandement militaire américain pour l’Afrique, a confirmé cette attaque menée contre « à l’aérodrome de Manda Bay » et indiqué qu’il « surveillait la situation », sans donner plus de détails.

Cette attaque contre la base américano-kényane survient deux jours après une frappe américaine ayant tué trois combattants des milices shebabs près de Bacaw, en Somalie.

Chassé de Mogadiscio en 2011 et ayant perdu l’essentiel de leurs bastions en Somalie grâce à l’action de la mission de l’Union africaine en Somalie [AMISOM], les milices shebabs, qui compteraient entre 5.000 et 9.000 combattants, contrôlent toujours de vastes territoires ruraux en Somalie. Et elles ont gardé la capacité de planifier des attentats « complexes ».

« Le groupe extrémiste Harakat al-Chabab al-Moudjahidin représente toujours la menace la plus immédiate pour la paix et la sécurité en Somalie. Si la forte intensification des frappes aériennes menées par les États-Unis contre les militants et les dirigeants des shebabs pendant la période à l’examen a contribué à maintenir le groupe en situation de déséquilibre et à empêcher le rassemblement d’un nombre important de combattants, elle n’a guère entamé sa capacité de lancer des attaques asymétriques régulières partout dans le pays », relevait le rapport d’un groupe d’experts des Nations unies, publié en novembre dernier.

Le 28 décembre, les jihadistes somaliens ont encore commis un attentat à la voiture piégée dans les rues de Mogadiscio, tuant au moins 81 personnes. Dans leur revendication, ils ont expliqué que leur cible était un convoi de « mercenaires turcs » et de « miliciens apostats ». Et, pour la première fois, ils ont présenté des « excuses » pour les victimes civiles.

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