Sahel : L’armée de Terre expérimente les terminaux du système d’information SCORPION

Depuis quelques jours, la force Barkhane conduit l’opération Bourgou 4 dans le Liptako-Gourma, soit dans la région dite des « trois frontières » puisqu’elle est située aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.

Dans son dernier « point de situation », et sans doute est-il encore trop tôt pour cela, l’État-major des armées [EMA] ne s’étend pas sur les résultats éventuellement obtenus contre les groupes armés terroristes [GAT] qui sévissent dans ce secteur. Si ce n’est qu’il a souligné que cette opération est marquée par une « participation inédite des forces burkinabé, malienne et nigérienne, ainsi que de la Force Conjointe du G5-Sahel », au point que es dernières représentent la moitié des effectifs engagés.

Cela étant, l’opération Bourgou 4 présente une nouveauté pour les soldats français puisque les « unités tactiques désert » sont désormais dotées, à titre expérimental, des terminaux numériques portatifs légers [c’est à dire pour faire simple, des tablettes et des smartphone] du nouveau système d’information et de communication SCORPION , ce qui leur donne, explique l’EMA, « des capacités intuitives et pratiques de navigation et de préparation des missions. »

« Le renouvellement et la modernisation des moyens d’information et de communication est une ambition constante de Barkhane. A ce titre, les groupements tactiques désert n°1 et n°2, le groupement tactique logistique, le groupement renseignement multi-capteurs, et les éléments organiques de théâtre du génie ont été dotés de ces nouveaux outils car ils sont représentatifs des domaines fonctionnels manœuvrant dans les immensités désertiques de la Bande Sahélo-Saharienne », explique l’EMA.

Pour le moment, le nombre de « terminaux numériques SICS-Débarqué Lite » [Lite = léger, ndlr] mis à la diposition de Barkhane est limité puisqu’il n’est question que de 80 tablettes et de 20 smartphones. « Les unités expérimenteront au cœur de leur mission opérationnelle ce concept innovant de moyens numérisés portatifs et participeront activement à l’amélioration des outils », précise l’État-major.

Il sera notamment intéressant de vérifier si ces équipements, durcis, supporteront les conditions éprouvantes qui règnent sur le Sahel, étant donné que la chaleur, notamment, met l’électronique à rude épreuve. Par exemple, l’écran d’un appareil peut devenir instable et ses performances [processeur, antennes] risquent d’être affaiblies.

Lors de sa première audition au Sénat, le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], a rappelé les enjeux du programme SCORPION, le comparant à Internet par rapport au Minitel.

Il « consiste en une concentration de capacités en vue de permettre l’échange de données avec une facilité comparable à celle que nous connaissons avec Internet, toutes proportions gardées, bien évidemment. La position des amis sera connue de tous en permanence. Celle des ennemis sera partagée. Les éléments qui observent communiqueront leurs images et leurs informations directement aux moyens d’agression déployés au contact ou dans la profondeur », a expliqué le général Burkhard.

« Si je voulais établir une analogie simpliste, je vous dirais qu’avant l’introduction de SCORPION, nous étions en quelque sorte à l’ère du minitel. Avec SCORPION, nous entrons dans une nouvelle ère : tous nos véhicules de combat – tels le Griffon ou le Jaguar – seront, comme nos terminaux mobiles, dotés de capteurs performants et de capacités de transmission très développées », a ensuite résumé le CEMAT.

« Mais pour échanger des données, il convient de disposer d’un réseau aussi puissant que peut l’être la 5G. C’est ce que nous offrira le système d’information et de commandement Scorpion ‘SIC-S’ et les postes ‘radio contact’ qui équiperont les véhicules et les groupes de combat débarqués. Le programme SCORPION va nous faire évoluer, en particulier en termes de commandement et de répartition des rôles sur le champ de bataille », a-t-il conclu.

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