Les forces françaises ont éliminé un influent chef jihadiste au Mali

Après la réapparition d’Amadou Koufa, le chef de la katiba Macina dont la mort avait été annoncée en novembre 2018, les autorités françaises sont désormais plus prudentes quand il s’agit d’évoquer l’élimination de chefs jihadistes. Du moins, c’est ce que l’on peut penser…

En effet, de retour du Mali où elle a rencontré le président Ibrahim Boubacar Keïta et les militaires de la force Barkhane, la ministre des Armées, Florence Parly, a indiqué auprès de l’AFP qu’un influent responsable jihadiste, Abou Abderahman al-Maghrebi, alias Ali Maychou, avait été tué lors d’une opération française, menée sur le sol malien, dans la nuit du 8 au 9 octobre. Soit il y a près d’un mois…

À noter que le compte-rendu publié chaque semaine par l’État-major des armées [EMA] ne mentionne pas cette opération pour la semaine allant du 3 au 10 octobre [il y est fait état de patrouilles menées conjointement avec l’armée malienne dans les zones de Tessit et Soudéhérin ainsi que d’actions civilo-militaires au profit des écoles maliennes, ndlr].

Quoi qu’il en soit, et selon Mme Parly, Ali Maychou était « le deuxième terroriste le plus recherché au Sahel – y compris par les Américains. » Et d’ajouter, sans en préciser les détails opérationnels : « Il s’agit de la neutralisation d’un personnage très influent. »

Effectivement. Imam de nationalité marocaine, Ali Maychou [né en 1983], a notamment dirigé, avec son frère Youssef, un réseau qui recrutait des jihadistes marocains pour les envoyer ensuite en Libye et dans le nord du Mali. En mai 2012, il a rejoignit la katiba Al-Moulathamoun dirigée par Mokhtar Belmokhtar, avant de s’installer à Tombouctou pour y prêcher auprès de combattants commandés par Djamel Okacha [alias Yahia Abou al-Hamman], alors récemment désigné pour devenir l’émir d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI] pour le Sahara.

Lors de l’opération française Serval, lancée le 11 janvier 2013, Ali Maychou alla trouver refuge à Ajdabiya, dans le nord-est de la Libye [à une soixante de kilomètres de Benghazi]. Là, il facilita les contacts entre al-Qaïda et les groupes jihadistes locaux.

Puis Ali Maychou devint l’un des principales figures médiatiques d’AQMI, ses messages étant alors diffusés par al-Andalus, l’agence de presse de l’organisation jihadiste. Et il prit part à la formation du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM], c’est à dire une alliance de groupes jihadistes dirigée par Iyad Ag Ghaly.

Enfin, en juillet 2019, Ali Maychou avait été inscrit sur la liste du terrorisme mondial du département d’État [diplomatie américaine, ndlr] pour son « un rôle de premier plan » au sein du GSIM « depuis sa création en 2017. » Selon les autorités américaines, il serait né en 1983, à Taba.

« Il est très important de désorganiser ces mouvements en profondeur mais cela ne signifie pas que ces mouvements s’autodétruisent en parallèle », a expliqué Mme Parly auprès de l’AFP. Il faut continuer ce travail de contre terrorisme mais ce n’est qu’un élément » de la tâche à accomplir pour sécuriser les pays du Sahel, a-t-elle ajouté.

Plus tard, l’État-major des armées a précisé qu’Ali Maychou a été tué lors d’une opération héliportée ayant eu lieu dans la région de Tombouctou, planifiée à la suite d’un « renseignement ». L’identité du chef jihadiste a été « confirmée à 100% », a-t-il insisté.

Pour rappel, Ali Maychou est le second cadre jihadiste éliminé au Mali cette année. En février, une opération menée par les forces spéciales françaises dans la région de Tombouctou avait permis de neutraliser Djamel Okacha, alors numéro deux du GSIM.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]