Avec l’appui de Berlin, Airbus a développé en secret le LOUT, un démonstrateur de drone furtif

Selon un article publié la semaine passée par AviationWeek, plusieurs éléments laisseraient à penser que le drone RQ-180, développé dans le plus grand secret par Northrop-Grumman, aurait déjà effectué ses débuts opérationnels alors que le grand public ignore à quoi il peut bien ressembler. L’existence de ce programme avait été révélée par le magazine américain en 2013.

Outre-Atlantique, la mise au point de nouveaux appareils secrets est, en quelque sorte, entrée dans les moeurs… étant donné que le Pentagone dispose d’un enveloppe destinée à financer les « black programs », confiés aux bureaux d’études des grands groupes industriels [comme le Skunk Works de Lockheed-Martin ou le Phantom Works de Boeing].

En Europe, on est a priori moins porté sur les cachotteries de ce style. Pourtant, Airbus s’est livré à un tel exercice en développant, en secret, un démonstrateur de drone furtif, dans le cadre d’un projet financé par le ministère allemand de la Défense à partir de 2010.

Ce n’est que ce 5 novembre, soit à l’occasion de l’édition 2019 de son « Trade Media Briefing », qu’Airbus a ainsi dévoilé l’existence du LOUT, pour « Low Observable UAV Testbed ».

« Personne ne sait ce que nous avons fait ici. C’est un projet classifié qui a débuté en 2007. Le contrat de développement a été attribué en 2010 et le LOUT a été développé à Manching et à Brême dans une approche de type ‘Skunk Works' », a expliqué Mario Hertzog, un cadre d’Airbus.

Le LOUT est un appareil en forme de losange affichant des dimensions de 12 x 12 m. D’une masse de 4 tonnes, il a été développé selon une approche « holistique » [ou globale] de la furtivité, c’est à dire qu’il présente des signatures radar, infrarouge et acoustiques significativement réduite tout en étant en mesure d’utiliser des contre-mesures électroniques et de contrôler des émissions électromagnétiques de ses capteurs embarqués. L’appareil – ou plutôt devrait-on parler de « banc d’essai » – est doté d’une soute interne pour l’armement.

Jusqu’à présent, le LOUT a servi de banc d’essai au sol pour tester les technologies relatives à la furtivité. Technologies qui pourraient servir au programme de Système de combat aérien du futur [SCAF], pour lequel Dassault Aviation et Airbus attendent le feu vert des autorités françaises,  allemande et espagnoles pour commencer à mettre au point un démonstrateur.

En tout cas, il n’est pas non plus impossible que ce LOUT puisse servir de base au développement d’un drone de combat furtif, comme le démonstrateur nEUROn, qui, mis au point sous l’égide de Dassault Aviation a passé avec ses succès ses tests en vol.

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