Pétroliers attaqués : Le Pentagone publie des photos à charge contre l’Iran et envoie des renforts au Moyen-Orient

Cette fois, les images publiées par le Pentagone sont de meilleure qualité que la vidéo qu’il avait publiée la semaine passée pour appuyer ses accusations à l’égard de l’Iran au sujet de l’attaque du méthanier japonais Kokuka Courageous, en mer d’Oman, le 13 juin.

Sur certaines de ces photographies, dont quelques unes ont été prises depuis un hélicoptère SH-60 Seahawk, on voit, à proximité de la coque du navire japonais, une embarcation de type Gashti appartenant au Corps des gardiens de la révolution [IRCG] iranien avec 9 hommes à bord. Deux d’entre-eux ne portent pas de gilet de sauvetage et aucun ne dispose de protection contre les explosifs.

Un autre cliché, pris de près, montre un objet métallique circulaire de 3 centimètres de diamètre collé sur la coque du Kokuka Courageous. Selon l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie Centrale, il s’agirait d’un aimant ayant servi à fixer une mine limpet qui n’a pas explosé et que les Gardiens de la révolution seraient venus récupérer.

Sur d’autres photographies, on voit les dégâts subis par le méthanier, dont une cavité d’un mètre de diamètre, très probablement causée par une autre mine limpet.

« L’Iran est responsable de cette attaque, comme le montrent les preuves vidéo et les ressources et les compétences requises pour retirer rapidement la mine aimantée non explosée », a commenté l’US CENTCOM.

L’hypothèse d’une responsabilité iranienne dans l’attaque du Kokuka Courageous mais aussi dans celle, commise le même jour, contre le navire norvégien Front Altair [lesquelles viennent s’ajouter au « sabotage » de quatre autres pétroliers en mai dernier] est d’autant plus crédible que Téhéran a plusieurs fois menacé de bloquer le détroit d’Ormuz, par où transite un tiers du trafic pétrolier mondial, pour riposter aux sanctions économiques américaines, consécutives au retrait de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien.

Évidemment, un tel blocus ne pourrait qu’affecter les monarchies sunnites du Golfe arabe persique [GAP]. Cependant, l’imposer ouvertement provoquerait une confrontation militaire, que l’Iran n’est pas certain de remporter. Aussi, on peut supposer que l’attaque ponctuelle de pétroliers en mer d’Oman est un moyen pour Téhéran d’obtenir l’effet recherché, à savoir une hausse du cours du barril et des tarifs d’assurance.

Toutefois, a assuré le général Mohammad Baqeri, le chef d’état-major des forces armées iraniennes, le 17 juin, « si la République islamique d’Iran décide de bloquer les exportations de pétrole via le détroit d’Ormuz, elle dispose d’une puissance militaire suffisamment importante pour le faire pleinement et au grand jour. » Vraiment?

Reste que les « preuves » américaines sur une responsabilité iranienne présumée dans ces attaques de pétroliers peinent à convaincre tout le monde. En réalité, il y a ceux qui ne demandent qu’à l’être [Royaume-Uni, Arabie Saoudite] et ceux qui, craignant une déflagration dans la région du Golfe, disent douter des affirmations de Washington.

Pour le moment, la France n’a pas attribué les attaques en mer d’Oman à l’Iran. « Je pense que dans la période dans laquelle nous entrons le sang-froid peut être utile. C’est une fois les informations rassemblées et tous les doutes levés que des attributions pourront se faire de manière certaine », a ainsi déclaré le président Macron, le 17 juin.

Quoi qu’il en soit, les États-Unis vont encore renforcer leur présence militaire au Moyen-Orient, avec l’envoi de 1.000 personnels supplémentaires « à des fins défensives » et pour « répondre à des menaces aériennes, navales et terrestres » de la part de l’Iran et de ses milices affiliées. Le chef du Pentagone, Patrick Shanahan, qui a annoncé cette décision, n’a pas précisé la nature des renforts qui seront prochainement déployés.

Ils viendront s’ajouter à ceux précédemment envoyés au Moyen-Orient pour faire face, déjà, à une menace iranienne – non précisée – contre les intérêts américains dans la région.

« Les récentes attaques iraniennes valident les renseignements fiables et crédibles que nous avons reçus sur le comportement hostile des forces iraniennes et des groupes qu’elles soutiennent, qui représente une menace pour les citoyens et les intérêts américains dans l’ensemble de la région », a affirmé M. Shanahan.

Mais la sécurité maritime aux abords du détroit d’Ormuz ne constitue pas la seule raison à cette décision. Le 16 juin, l’US CENTCOM a confirmé des informations selon lesquelles deux drones MQ-9 Reaper avaient visés dans la région.

Le premier a été abattu, le 6 juin, au-dessus du Yémen par un missile sol-air SA-6 tiré par les rebelles Houthis, qui, soutenus par Téhéran, mulitplient actuellement les attaques d’aéroports saoudiens au moyen de drones.

« L’altitude de l’engagement indique une amélioration par rapport aux capacités précédentes » des Houthis, ce qui suggère un appui iranien, a affirmé le l’US CENTCOM.

Quant au second incident, il s’est produit le 13 juin, peu avant l’attaque du Kokuka Courageous et du Front Altair.

« Selon notre évaluation, un missile sol-air iranien SA-7 modifié a tenté d’abattre un MQ-9 américain au-dessus du golfe d’Oman pour perturber la surveillance de l’attaque du navire Kokuka Courageous. Le MQ-9 était arrivé quelques minutes plus tôt à 6h20 [heure locale] au-dessus du Front Altair et l’avait vu en feu », explique l’US CENTCOM. Et d’ajouter : « Le SA-7 a été inefficace et son point d’approche le plus proche du MQ-9 était d’environ un kilomètre. »

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