Un rapport suédois doute des capacités réelles du système de défense aérienne russe S-400

Ces derniers mois, il a été beaucoup question du système de défense aérienne russe S-400 « Triumph », dont les performances en feraient l’un des plus redoutables actuellement sur le marché. En effet, il est avancé que, ayant une portée de 400 km, il serait capable de détecter, de suivre et de détruire tout un éventail de cibles aériennes [de l’AWACS à l’avion de combat [y compris furtifs] en passant par les missiles de différents types [croisière et balistique].

Le S-400 comprend un système d’information et de commandement 55K6E, un radar de veille à haute et moyenne altitude en bande S, 1 radar de surveillance à basse altitude 40B6M et jusqu’à 6 batteries de tir. Chacune de ces dernières peut être composée d’un radar 30N6E2 en bande X d’illumination et de conduite de tir et, au maximum, de 12 véhicules de lancement pouvant emporter 4 missiles, dont des engins de type 40N6

En mettant sur ce système sur le marché, la Russie pose un sérieux problème aux États-Unis, dans la mesure où la loi américaine dite CAATSA [Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act] vise à dissuader toute transaction avec le secteur russe de l’armement. Ainsi, les relations entre Washington et Ankara, déjà difficiles malgré leur appartenance commune à l’Otan, traversent une nouvelle zone de turbulence en raison du choix turc en faveur du S-400. Ce qui compromet actuellement la livraison d’avions F-35 à la Turquie.

D’autres pays avec lesquels les États-Unis entretiennent des relations importantes, comme l’Inde et le Qatar, entendent se doter du système S-400.

Cela étant, l’Agence de recherche suédoise sur la Défense [Totalförsvarets forskningsinstitut, FOI] a exprimé de sérieux doutes sur les capacités réelles du système de défense aérienne russe, dans une étude publiée et intitulée « Faire éclater la bulle », en référence à la bulle de protection [ou capacités A2/AD] dont le S-400 serait la pièce maîtresse.

Il est « souvent dit que le système S-400 a une portée de 400 km et est capable d’intercepter tout une gamme de cibles, que ce soit des avions de transport, des jets de combat, des missiles de croisière, voire des missiles balistiques. En réalité, le missile 40N6 n’est pas encore opérationnel et son développement connaît des problèmes », avancent les trois auteurs de cette étude.

« Dans sa configuration actuelle, le système S-400 devrait principalement être considéré comme une menace pour les appareils à forte valeur, tels que les AWACS et les avions de transport évoluant à moyenne et haute altitude, à une distance de de 200 à 250 km », estiment-ils. Quant à la « portée efficace » contre les avions de combat, par définition plus agiles, et les missiles de croisière opérant à basse altitude, elle serait comprise entre « 20 et 35 km », avance encore cette étude.

En outre, le S-400 dispose « d’un seul radar de poursuite et d’engagement et d’un nombre limité de plates-formes de tir », souligne l’étude. Aussi, poursuit-elle, il est « donc vulnérable à la fois aux munitions ciblant son radar et aux attaques de saturation ».

Enfin, avance la FOI, « quand le missile 40N6 sera opérationnel, sa portée technique de 400 km ne pourra pas être exploitée efficacement contre des objectifs situés à moins de 3.000 mètres environ, à moins que des données sur la cible puissent être fournies et mises à jour pendant le vol du missile par des radars aéroportés ou déployés à l’avant. Une telle capacité – souvent connue sous le nom d’engagement coopératif – a été récemment testée avec succès par la marine américaine. Il s’agit d’une tâche extrêmement complexe et exigeante que la Russie ne devrait pas maîtriser d’ici 10 à 15 ans », conclut l’étude.

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