Mali : Paris vérifie l’authenticité d’une vidéo d’Amadou Koufa, le chef d’un groupe jihadiste donné pour mort

Le 23 novembre dernier, et après un long travail en matière de renseignement, la force française Barkhane lançait un raid « audacieux » contre le Front de libération du Macina [ou Katiba Macina] dans la région de Mopti, au Mali. Des frappes aériennes de « sidération », suivies par un assaut héliporté appuyé par des hélicoptères d’attaque Gazelle et Tigre et des drones MQ-9 Reaper avaient permis de mettre une trentaine de jihadistes hors de combat. Dont leur chef, Amadou [ou Hamadoun] Koufa.

Du moins, c’est ce qu’avancèrent, sans utiliser le conditionnel, un compte-rendu de l’État-major des armées [EMA] et la ministre des Armées, Florence Parly. Et dans un entretien publié par Le Monde [27/02], le chef de la force Barkhane, le général Frédéric Blachon, n’a pas exprimé de doute en répondant à une question présentant la « mort probable » d’Amadou Koufa comme un des « succès majeurs » de l’année 2018.

Cela étant, le général Blachon a estimé que la katiba Macina est l’une des « plus dangereuses dans la mesure où ses effectifs sont importants et qu’elle adopte une stratégie quasi insurrectionnelle en s’attaquant aux représentants de l’Etat et aux symboles de l’autorité. »

Reste que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM] et al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI] ont toujours démenti la mort d’Amadou Koufa… Et ce dernier serait apparu dans une vidéo d’une vingtaine minutes, transmise par le GSIM à l’agence de presse mauritanienne Al-Akhbar.

Dans ce film, celui qui se présente comme Amadou Koufa dialogue avec deux autres hommes dont les visages ont été floutés. Portant des lunettes et la barbe teinte au henné, il répond à des questions en anglais et en arabe. La date de l’enregistrement n’est pas connue mais il évoque des faits qui ont eu lieu après l’annonce de la mort du chef de la katiba Macina.

En outre, cet homme, qui ne présente aucune blessure apparente, affirme avoir arrêté un « informateur » qui aurait communiqué la position de ses troupes à la force Barkhane.

Quoi qu’il en soit, ce film, diffusé alors que la katiba Macina est mise sous pression par Barkhane, fait l’objet d’un examen de la part des autorités maliennes et françaises. « Les vérifications sont en cours », a en effet indiqué une source militaire à Bamako, rapporte l’AFP. « On est en train de vérifier l’authenticité de la vidéo », a également fait savoir le colonel Patrik Steiger, le porte-parole de l’État-major des armées.

Le souci est que la mort de Koufa n’a jamais été confirmée par une « preuve tangible », a indiqué une source militaire à RFI. À l’époque, le général Abdoulaye Cissé, le commandant des opérations de l’armée malienne, avait indiqué que le chef jihadiste avait réussi à s’enfuir au moment du raid français mais qu’il était ensuite « décédé des suites de ses blessures. »

En outre, d’après Jeune Afrique, cette vidéo ne serait pas le premier signe de vie présumé d’Amadou Koufa.

« Le 25 janvier dernier Amadou Koufa avait envoyé un message vocal de plus de 30 mn en guise de réponse à un marabout de la localité de Nampala. Ce dernier lors d’un prêche l’avait accusé de créer le désordre dans la communauté peule, en facilitant la contraction de mariage entre les jeunes », a en effet confié une source malienne à l’hebdomadaire.

La réapparition présumée d’Amadou Koufa a coïncidé avec une attaque jihadiste qui a fait 9 tués dans les rangs des forces armées maliennes [FAMa] dans la région de Mopti, le 1er mars.

« Dans la matinée du vendredi 1er mars 2019, un véhicule de la compagnie FAMa du G5-Sahel a sauté sur un engin explosif improvisé à Boulkessy, dans la région de Mopti. Le bilan est de 9 militaires FAMa qui ont trouvé la mort », a en effet annoncé l’état-major malien.

Cette attaque a été commise près du lieu où 17 civils maliens ont perdu la vie dans l’explosion d’un cadavre piégé, le 26 février. « Le fait de piéger un cadavre dans le but de causer des victimes additionnelles est indigne et constitue un crime grave. Les auteurs d’une telle ignominie doivent être jugés et condamnés », avait réagi Mahamat Saleh Annadif, le chef de la Mission de l’ONU au Mali [MINUSMA].

Photo : capture d’écran

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