Avec la modernisation de l’armée de Terre, la Légion étrangère ne veut pas perdre ce qui fait sa force et sa cohésion
Comme l’avait souligné le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre, dans un éditorial publié en décembre 2017, la « révolution numérique », la mise en réseau des systèmes d’armes, l’intelligence artificielle ou le développement de nouveaux matériaux donneront aux forces armées qui sauront se les approprier un avantage décisif sur le champ de bataille… à la condition de ne pas renoncer aux « vertus militaires antiques ».
Quelques mois plus tard, revenant sur ce thème, le général Bosser avait été encore plus clair : Le « guerrier du futur ne doit pas être un simple geek passionné par les gadgets mais un véritable combattant numérique. » D’où son insistance pour promouvoir ce qu’il appelle « l’esprit guerrier ».
Or, pour l’armée de Terre, et avec les premières livraison des blindés Griffon, 2019 sera l’an I du programme SCORPION, c’est à dire de sa modernisation. Et cette dernière, au regard des nouvelles capacités qu’elle va introduire, risque de changer les mentalités. D’où l’insistance du général Bosser sur « l’esprit guerrier ».
Le général Denis Mistral, le commandant de la Légion étrangère [COMLE] ne dit pas autre chose. Le programme SCORPION est une « évolution majeure qui verra émerger de nouveaux matériels, de nouvelles capacités, de nouveaux savoir-faire, de nouveaux métiers », écrit-il dans son dernier éditorial de la revue Képi Blanc, intitulé « Le front haut et l’âme fière, marchant du pas de nos anciens vers 2025 ».
Pour autant, et si elle sera « pleinement impliquée dans cette transformation » parce que, à chaque changement, elle s’est toujours « débrouillée pour que ça marche bien », la Légion étrangère n’entend pas y perdre ce qui fait ses traditions et sa spécificité.
Pour cela, le général Mistral a indiqué que la Légion étrangère allait porter ses efforts dans « trois directions majeures ». En premier lieu, et d’ici 2025, elle devra avoir conservé « un système cohérent, juste et humain, autour du statut à titre étranger que chaque légionnaire assume pour l’avoir librement choisi. »
Certes, a concédé le général Mistral, ce système devra s’adapter… mais « nous veillerons sans concession à préserver ce qui fait la cohésion, la force et la réputation de notre institution. » Et d’insister : « Si les moyens d’accomplir la mission changent, les fondamentaux, eux, restent. »
Ensuite, un effort devra être fait pour que « chaque légionnaire trouve sa place dans la Légion de 2025, en étant parfaitement formé, portant un grade et des qualifications qui répondent aux besoins en matière d’encadrement et de spécialités des nouveaux systèmes d’armes, quelle que soit la fonction opérationnelle. »
Enfin, la Légion étrangère s’attachera à « préserver sans relâche » son « riche patrimoine » en affirmant ses spécificités. Pour son commandant, il s’agit de faire en sorte qu’elle « reste toujours une référence et cette troupe solide sur laquelle la France peut compter en toutes circonstances. »
« Après une remontée en puissance réussie, je sais que l’enthousiasme qu’il y a dans nos rangs nous permettra d’être au rendez-vous de cet horizon, afin que la Légion étrangère soit au coeur du projet de l’armée de Terre et y inscrive toute la place des étrangers à son service et au service de la France », a conclu le général Mistral.
Photo : 3e Régiment étranger d’infanterie