La Corée du Nord accusée d’utiliser des installations civiles pour développer et tester ses missiles

Après avoir procédé, en 2017, à un sixième essai nucléaire et au tir de trois missiles intercontinentaux [ICBM], la Corée du Nord a annoncé, l’an passé, la suspension de ses activités nucléaires et balistiques, estimant qu’elle avait réussi à réaliser sa « grande cause historique. » Ce qui a permis un réchauffement des relations diplomatiques avec Séoul, Pyongyang ayant pris l’engagement d’oeuvrer en faveur de la « dénucléarisation » de la péninsule coréenne.

Mieux encore : en changeant d’attitude, Kim Jong-Un, le chef du régime nord-coréen, a décroché un tête-à-tête avec un président américain, Donald Trump en l’occurrence, ce que jamais ses prédécesseurs n’avaient réussi à faire. Et, en réaffirmant son engagement à faveur de la dénucléarisation de la péninsule, il a également obtenu la suspension des manoeuvres militaires conjointes américano-sud-coréennes… mais pas la levée des sanctions internationales qui visent l’économie nord-coréenne.

Cela étant, la sincérité du régime nord-coréen reste à démontrer. Certes, sous l’oeil des caméras, il a démantelé le site qu’il utilisait pour ses essais nucléaires à Puggye-ri, mais sans la présence d’inspecteurs internationaux. Et il en a fait de même avec la base de Sohae, où furent produits des moteurs à combustion liquide qui ne sont plus la priorité de ses ingénieurs.

Aussi, le renseignement américain nourrit des doutes sur les intentions réelles de Kim Jong-un. Et il n’est pas le seul. Ainsi, récemment, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) estimé « extrêmement préoccupants » la poursuite et le développement du programme nucléaire nord-coréen. Selon ses informations, la Corée du Nord continuerait en effet la construction d’un d’un réacteur à eau légère ainsi qu’à extraire de l’uranium sur le site de Pyongsan.

Même chose pour le groupe d’experts des Nations unies chargé de surveiller l’application des sanctions imposées à la Corée du Nord par le Conseil de sécurité. Dans un rapport diffusé en août dernier, il a affirmé que Pyongyang n’avait « pas stoppé ses programmes nucléaire et balistique » et avait continué à contourner les sanctions « à travers une hausse massive des transferts illicites de produits pétroliers en mer en 2018. »

Pour autant, le président Trump reste sur la même ligne. « Dans le cadre de notre diplomatie audacieuse, nous continuons notre effort historique pour la paix dans la péninsule coréenne », a-t-il dit, lors de son discours sur l’état de l’Union, le 5 février. Et d’annoncer qu’il rencontrerait à nouveau Kim Jong-un au Vietnam, les 27 et 28 février prochains.

« Nos otages sont revenus à la maison, les essais nucléaires ont cessé et il n’y a pas eu de lancement de missiles depuis 15 mois « , s’est encore félicité M. Trump. « Il reste beaucoup de travail à faire », a-t-il toutefois admis. « Mais ma relation avec Kim Jong-un est bonne », a-t-il ajouté.

Seulement, le constat que vient de dresser le groupe d’expets des Nations unies dans un nouveau rapport est identique à celui fait quelques mois plus tôt, ainsi qu’aux dernières évaluations du renseignement américain [dont M. Trump semble se moquer, y compris pour d’autres sujet].

Ainsi, selon l’agence Reuters, qui a pu avoir accès à ce document, soumis au Conseil de sécurité de l’ONU, le panel d’experts avance que le programme nord-coréen de missiles nucléaires et balistiques « reste intact ».

« Les experts ont découvert que la Corée du Nord utilisait des installations civiles, notamment des aéroports, pour assembler et tester des missiles balistiques » afin d’éviter qu’ils ne soient la cible d’éventuelles frappes, est-il avancé dans ce rapport. Une découverte qui vient s’ajouter à celle faite par le Centre d’études stratégiques et internationales [CSIS], selon lequel Pyongyang aurait omis de déclarer l’existence de « 13 bases de missiles », disséminées dans des zones montagneuses difficiles d’accès.

Quant aux sanctions internationales, la Corée du Nord continue allègrement de les contourner.

Le pays « continue de défier les résolutions du Conseil de sécurité grâce à une augmentation massive des transferts illégaux entre navires de produits pétroliers et de charbon », affirme le rapport. « Ces violations rendent inefficaces les dernières sanctions en date de l’ONU », juge-t-il.

Cependant, les moyens utilisés par Pyongyang pour s’affranchir de ces sanctions sont connus de longue date. La Corée du Nord a en effet recours à des bateaux « maquillés » ou naviguant sous un pavillon de complaisance, à la falsification de documents et aux paradis fiscaux jamais très regardant sur l’origine des fonds qu’ils reçoivent. Sans oublier le double-jeu de certains pays…

Par ailleurs, le groupe d’experts a renouvelé ses accusations selon lesquelles Pyongyang continuerait de chercher à « vendre une vaste gamme d’équipements militaires à destination de groupes armés et de gouvernements au Moyen-Orient et en Afrique », notamment en Libye, en Syrie, au Yémen et au Soudan.

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