Le Pentagone mise sur l’intelligence artificielle pour… prédire l’avenir

En septembre 2018, la Defense Advanced Research Projects Agency [DARPA, c’est à dire l’agence de recherche et de développement du Pentagone] a annoncé avoir obtenu un investissement de 2 milliards de dollars pour financer une vingtaine de projets dans le domaine de l’intelligence artificielle.

Le directeur de la DARPA, Steven Walker, avait alors expliqué qu’il s’agissait de développer une « nouvelle génération d’intelligence artificielle », vue comme devant être une « troisième vague de progrès technologique », l’enjeu étant « d’explorer de nouvelles théories et applications qui pourraient permettre aux machines de s’adapter à des situations changeantes. »

Parmi ces projets, a annoncé l’agence du Pentagone, le 4 janvier,  figure celui appelé « KAIROS », pour « Knowledge-directed Artificial Intelligence Reasoning Over Schemas. » L’idée est d’exploiter la masse gigantesque de données produites chaque jour afin d’être en mesure d’avoir « une compréhension rapide des événements mondiaux », laquelle est « essentielle pour éclairer les efforts de sécurité nationale. »

« Le processus de découverte de connexions pertinentes entre des montagnes d’informations et les éléments statiques sur lesquels elles reposent nécessite des informations temporelles et des modèles d’événements, qu’il peut être difficile de saisir à grande échelle avec les outils et systèmes actuellement disponibles », a expliqué Boyan Onyshkevych, le responsable du programme KAIROS.

Considérant que « de nombreux événements ne sont pas de simples événements, mais des phénomènes complexes composés d’un ensemble de nombreux éléments subsidiaires », il s’agit donc de développer un « système semi-automatisé capable d’identifier et d’établir des corrélations entre des événements ou des données apparemment sans lien », en se basant sur la théorie des schèmes, élaborée par le scientifique suisse Jean Piaget dans les années 1920.

L’objectif est donc de mettre au point un capacité d’intelligence artficielle reposant sur un schème afin de « générer une compréhension exploitable d’événements et de prédire leur déroulement. »

Dans son livre « Sapiens« , Yuval Noah Harari explique que l’histoire est par essence chaotique et qu’on ne saurait donc la prédire. « Il est tant de forces à l’oeuvre et leurs interactions sont si complexes que d’infirmes variations de l’intensité de ces forces et de leurs interactions produisent des issues différentes », écrit-il. Qui plus est, l’histoire est un » système chaotique de niveau 2 [*] qui réagit aux prédictions le concernant et qui sé dérobe à toute prédiction exacte ».

Quoi qu’il en soit, et comme le disait Antoine de Saint-Exupéry, « l’avenir, tu n’as pas à le prévoir mais à le permettre ».

[*] Un système chaotique de niveau 1 ne réagit pas aux prédictions le concernant. Exemple : la météorologie.

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