De nouvelles violences intercommunautaires ont fait une trentaine de tués dans le centre du Mali

En décembre 2018, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA] avait demandé au gouvernement malien de prendre rapidement des mesures pour tenter de mettre un terme aux violences intercommunautaires, en particulier dans le centre du pays, où, au cours de l’année, pas moins de 60 attaques, « menées par des éléments identifiés comme étant des Dozos » contre la communauté Peule, furent recencées.

Seulement, le 1er janvier, et alors que Bamako assure avoir « entrepris de créer les conditions d’un dialogue intercommunautaire fécond, dans le but d’instaurer durablement la cohésion et la paix » dans cette région, une nouvelle attaque, commise cette fois contre le village peul de Koulogon [cercle de Bankass, région de Mopti], a fait au moins 37 tués, selon un dernier bilan officiel. Et de nombreuses habitations ont été incendiées.

Les auteurs de cette attaque ont été décrits comme étant des « hommes armés, habillés en tenue de chasseurs traditionnels dozos ». Et Bamako a assuré qu’ils « seront punis avec toute la rigueur de la loi » dès qu’ils auront été identifiés.

« C’est une milice dozo qui nous a attaqués tôt ce matin. Ils étaient tous armés, habillés en tenue dozo. Notre chef de village Moussa Diallo a trouvé la mort dans cette attaque, ainsi que des membres de sa famille, dont une fillette et des vieilles femmes », a témoigné, auprès de l’AFP, un habitant de Koulogon. « Nous avons eu la vie sauve parce que nous étions sortis très tôt pour conduire les animaux. Ce sont les coups de feu qui nous ont fait rebroussé chemin », a-t-il ajouté.

Ces tensions intercommunautaires se sont exarcerbées dans cette région du Mali depuis l’émergence, en 2015, du « Front de libération du Macina », un groupe jihadiste dont le chef Amadou Koufa, tué en novembre lors d’une opération de la force française Barkhane, s’adressait essentiellement aux Peuls, en tenant un discours « égalitariste ».

Aussi, les Peuls accusent Bamako de fermer les yeux sur les exactions dont ils sont victimes, voire de les encourager, au nom de la lutte contre les groupes jihadistes. Ce que le gouvernement malien a toujours nié.

Par ailleurs, ces violences entre communautés ne concernent pas seulement le centre du Mali. Dans la région de Ménaka, près de la frontière entre le Mali et le Niger, c’est le clan « Touareg Doussak », pro-Bamako, qui fait régulièrement l’objet d’attaques menées par des groupes armés Peuls, lesquels bénéficieraient du soutien supposé de l’État islamique dans le Grand Sahara [EIGS].

Quant à la MINUSMA, son mandat lui fait obligation de protéger les civils et les biens, y compris dans le centre du Mali. « Ainsi, les opérations militaires régulières sont intensifiées pour sécuriser différentes zones inaccessibles et isolées », dans le cadre du projet « réconciliation pour la paix et la justice », a-t-elle fait valoir, via un communiqué publié à la veille de l’attaque contre le village de Koulogon.

L’une de ses opérations a concerné, en décembre, les villages d’Am, Yourou et Dangatene, qui venaient de connaître une « vague de violence intercommunautaire. » Une équipe de la MINUSMA s’y est donc rendue « pour écouter chaque communauté afin de stimuler une dynamique de dialogue et de reconstruire le tissu social. » Et, selon la mission des Nations unies, « depuis le début du projet, il y a six mois, les affrontements ont cessé entre ces trois villages, où des comités de conciliation ont été créés. »

Photo : MINUSMA

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]