Théoricien du combat urbain, le général Aviv Kochavi sera le prochain chef d’état-major de Tsahal

Le 25 novembre, le gouvernement israélien a confirmé, à l’unanimité, la nomination du général Aviv Kochavi à la tête de l’état-major de Tsahal. Ce dernier remplacera le général Gadi Eisenkot à compter du 15 janvier prochain.

La candidature du général Kochavi avait été annoncée fin octobre par Avigdor Lieberman, qui allait alors démissionner de ses fonctions deux semaines plus tard afin de protester contre un accord de cessez-le-feu conclu, après deux jours d’échanges de tirs les plus violents depuis l’opération Bordure protection de 2014, entre Israël et des groupes armés palestiniens [dont le Hamas] de la bande de Gaza, via une médiation égyptienne.

« L’État achète le calme à court terme au prix de graves dommages à long terme pour la sécurité nationale », avait en effet estimé M. Lieberman, qui s’était également opposé à une décision du gouvernement israélien autorisant le Qatar à verser 13 millions d’euros en liquide au Hamas pour qu’il puisse payer ses fonctionnaires.

Quoi qu’il en soit, pour expliquer son choix, M. Lieberman avait mis en avant l’expérience du général Kochavi, ainsi que son « audace », sa « créativité » et sa « capacité de commandement remarquable. » Et d’ajouter : « La combinaison de tous les postes qu’il a déjà occupés au sein de Tsahal, dans les situations ordinaires comme dans les situations d’urgence, la haute estime dont il jouit au sein de Tsahal et en-dehors en tant qu’autorité et concernant son professionnalisme, ses succès tout au long de ses années de service en on fait le candidat le plus apte pour diriger Tsahal dans les prochaines années. »

Un avis auquel s’est donc rangé le gouvernement israélien. Né en avril 1964, le général Kochavi est actuellement le numéro deux de Tsahal. Engagé comme volontaire au sein de la 35e brigade parachutiste, en 1982, il a été promu officier d’infanterie trois ans plus tard. Au cours de sa carrière, il a notamment commandé le 101e bataille de parachutistes au Sud-Liban, puis une brigade de parachutistes de réserve.

Chef de la 35e Brigade de parachutistes au cours de la seconde Intifada (opération « Bouclier défensif », en 2002), il a également été commandant de la région nord, directeur du renseignement militaire, chef de la division des opérations et commandant de la division de Gaza.

Licencié ès philosophie et diplômé des universités américaines de Harvard et Hopkins en administration publique et relations internationales, le général Kochavi, qui, pour l’anecdote, est végétarien, est un théoricien du combat urbain, dont les méthodes ont inspiré certaines armées occidentales.

Ayant repris des préceptes du général français Thomas Bugeaud [1784-1849] et certains concepts développés par des intellectuels poststructuralistes des années 1970 [dont Gilles Deleuze, Guy Debord et Félix Guattari], Aviv Kochavi a élaboré le principe de « géométrie inversée ».

« Au lieu de subir la configuration préexistante du terrain, les soldats sont amenés à constituer leur propre terrain. Ce n’est plus l’ordre établi qui dicte les conditions de déplacements du soldat, mais le déplacement lui-même. Plutôt que de circuler dans les rues, où ils sont exposés aux tirs pouvant provenir des fenêtres, plutôt que de passer par les portes, qui sont souvent piégées, Aviv Kochavi imagine de faire passer les soldats à travers les murs afin de contourner l’adversaire. Cette stratégie doit protéger l’infanterie des tirs venant des hauteurs et empêcher le suivi des mouvements de troupes par observation aérienne. Le soldat devient ainsi constructeur de son environnement physique, la ville n’étant considérée non plus comme un objet fixe, déterminé, mais au contraire comme un matériau modelable dans lequel les forces armées se répandent à l’image d’un essaim », est-il expliqué dans la Lettre du RETEX–RECHERCHE n° 29, publiée par le Centre de doctrine et d’enseignement des forces [CDEF] de l’armée de Terre française.

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