Protestation de Moscou après la visite présumée de marins américains à bord d’un sous-marin russe loué par l’Inde
En 2011, la Russie accepta de louer à l’Inde le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) K-152 Nerpa (classe Akula) pendant 10 ans pour 920 millions de dollars. Ce qui était alors inédit, tant les secrets technologiques des navires de ce type sont jalousement gardés. Pour la marine indienne, cette opération devait lui permettre de « monter en gamme » dans ce domaine, en vue de la mise en service de l’INS Arihant, son premier sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) de conception nationale.
Début octobre, l’on a appris que le dôme sonar du Nerpa, rebaptisé INS Chakra par la marine indienne, avait été endommagé lors d’un accident survenu au large de la base sous-marine de Visakhapatnam. Cet épisode n’a évidemment pas plu aux autorités russes, qui ont demandé à mener leur propre enquête sur cet incident, les conclusions de celles menées par les experts indiens n’étant, à leurs yeux, pas satisfaisantes.
Mais ce n’est pas cela qui a contrarié Moscou. Ainsi, selon le quotidien Kommersant, les relations entre la Russie et l’Inde se sont tendues après qu’une délégation de la marine américaine est monté à bord de l’INS Chakra. « Un scandale sans précédent » a commenté l’agence de presse russe TASS.
D’après plusieurs sources officielles russes, qui ont confirmé les informations de Kommersant, l’Inde aurait commis « plusieurs actes inamicaux envers la Russie ». Dont le fait d’avoir permis à des marins américains de visiter le porte-avions INS Vikramaditya, pourtant vendu par Moscou et donc propriété de la marine indienne. Des responsables russes ont été « contraints d’émettre une note de protestation », a révélé le journal.
Et l’on se demande bien pourquoi : l’état-major indien doit bien pouvoir faire ce qu’il veut à bord de l’INS Vikramaditya, d’autant plus qu’il lui a bien coûté assez chers (avec des retards et des surcoûts lors de sa remise en état).
En revanche, la présence de marins américains à bord de l’INS Chakra est une toute autre affaire, étant donné la nature de ce navire. « Il s’agissait de spécialistes techniques très expérimentés, bien que peu susceptibles d’obtenir des informations », a confié une source du quotidien.
D’après ce dernier, ces incidents ne seront pas sans conséquence sur les relations militaires entre la Russie et l’Inde. Et ils pourraient mettre un terme aux discussions relatives à la location d’un second SNA russe pour les besoins de la marine indienne.
Toujours selon Kommersant, le vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine évoquera ces questions lors d’un prochain déplacement en Inde, prévu début décembre. Mais pas seulement puisqu’il devrait aussi aborder le dossier du T-50/FGFA, le chasseur de 5e génération développé en conjointement par l’Inde et la Russie et au sujet duquel l’Indian Air Force nourrit de plus en plus de doutes.