Budget : Les gendarmes vont être aussi mis à la diète

S’il est beaucoup question des 850 millions que Gérard Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, entend faire économiser aux Armées, les gendarmes, qui sont aussi des militaires, ne seront pas épargnés par le coup de rabot, la place Beauvau devant se passer de 526 millions d’euros d’ici la fin de cette année, sans avoir à toucher aux effectifs de la Gendarmerie et de la police.

En clair, le coup de ciseau se portera sur les dépenses de fonctionnement. Lesquelles? Même le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, semble l’ignorer puisqu’il a affirmé, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 11 juillet, que les réductions de dépenses étaient encore « en cours d’identification ». Et de préciser que, « hors mission de collectivités locales », ce sont « 370 millions d’euros d’autorisation d’engagements qui vont être annulés », soit « 1,5% des crédits ouverts en loi de finances ».

En 2017, le budget de fonctionnement des forces de sécurité du ministère de l’Intérieur s’élève à environ 2,7 milliards d’euros, dont 1,34 milliard pour la seule gendarmerie (en hausse de 4% par rapport à 2016).

Là où le bât blesse, c’est qu’il avait été quand même prévu de réduire les dépenses de caburant de 3,2 millions d’euros, en raison de « l’évolution favorable des indices pétroliers. » Seulement, avait prévenu l’ex-député Daniel Boisserie, dans un rapport pour avis sur les crédits de la gendarmerie, « l’économie nette devrait être inférieure à cette somme, l’intensité opérationnelle se traduisant par une consommation accrue de carburant par les unités. » Va-t-on de nouveau rationner l’essence dans les brigades et les escadrons?

Mais le coup de rabot de cette année ne sera probablement rien par rapport aux restrictions à venir. « 2018, c’est l’année la pire », a en effet averti M. Collomb, sur le plateau de France 2, ce 13 juillet. « Dans le budget précédent, on découvre qu’il y a 8 milliards de crédits qui étaient annoncés et qui n’existaient pas (…) Je suis obligé de réabonder pour pouvoir payer un certain nombre de dépenses », a-t-il expliqué. « Nous allons pouvoir jouer sur un certain nombre de postes économiques », a-t-il ajouté, en assurant qu’il ne reviendrait pas sur « le déploiement des armes technologiques, des tablettes. »

Alors où le ministre va-t-il trouver des marges de manoeuvres? « Chacun a son laboratoire de police scientifique. Est-ce que ça ne serait pas mieux que la gendarmerie, la police, éventuellement la préfecture de Paris aient le même laboratoire ? », s’est demandé le ministre.

Sauf que, au-delà des problèmes « culturels » entre policiers et gendarmes, qui n’ont pas les mêmes statuts et parcours, fusionner ces structures ne réduira pas pour autant leur charge de travail. Gageons même que cela sera susceptible d’allonger la durée des enquêtes puisque, de facto, le nombre d’équipements disponibles pour les analyses risquera d’être aussi réduit.

Une autre piste avancée par M. Collomb : réduire le nombre d’écoles de formation ‘des chiens’ (*). « Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux n’en avoir qu’une? », s’est-il interrogé. En tout cas, ce n’est pas ça qui lui permettra d’honorer la promesse qu’il a récemment faite : « Faire de la Gendarmerie l’une des forces de sécurité les plus modernes d’Europe. »

(*) Sans doute a-t-il voulu parler des centres d’instruction cynophile, celui la gendarmerie, le CNICG étant implanté à Gramat, dans le Lot.

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