En 2016, l’armée de l’Air a assuré plus de 4.000 missions aériennes au titre des opérations extérieures

Comme son chef d’état-major, le général André Lanata, le répéte depuis des mois, l’armée de l’Air est soumise à une forte tension en raison d’une suractivité opérationnelle par rapport à son format, tel qu’il a été défini par le dernier Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale.

Les chiffres que l’on peut trouver dans la rétrospective de l’année 2016 publiée le Commandement de la Défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA) parlent d’eux-mêmes. L’an passé, l’armée de l’Air a été engagée en Centrafrique avec des hélicoptères Fennec, au Sahel (Barkhane), au Levant (Chammal) et dans les pays baltes, au titre des mesures de réassurance et de la mission Baltic Air Policing de l’Otan.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’opération Barkhane est celle où les aviateurs sont le plus sollicités. Au total, 2.850 missions aériennes y ont été effectuées, ce qui a representé 16.000 heures de vol.

L’importance de ces chiffres s’explique par l’étendue de ce théâtre extérieur, qui va du Mali au Tchad en passant par le Niger, ainsi que par la nature des missions réalisées. Outre les hélicoptères de manoeuvre, l’armée de l’Air disposait, en 2016, de 3 drones MQ-9 Reaper basés à Niamey , de 6 à 10 avions de transport tactique et de 7 avions de chasse, en l’occurrence, des Mirage 2000D/C.

Dans le détail, les drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance), qui, en décembre dernier, ont franchi le seuil des 12.000 heures de vol cumulées depuis leur entrée en service, ont permis de générer 35.000 dossiers d’images, soit de quoi monter un film de 708 jours. S’agissant des avions de transport, le CDAOA ne donne pas le volume de fret qu’ils ont acheminé. On peut seulement lire dans le bilan qu’il a publié qu’ils ont transporté plus de 30.000 soldats, soit 40 régiments.

Quant aux avions de chasse, ils ont réalisé plus de 2.000 sorties et « délivré » exactement « 51 munitions » lors de mission d’appui contre les groupes armés terroristes présents dans la bande sahélo-saharienne. À noter que l’État-major des armées (EMA) fait rarement état des frappes aériennes menées par Barkhane.

L’autre gros morceau pour l’armée de l’Air est bien évidemment l’opération Chammal, conduite au Levant depuis deux sites : la base aérienne projetée en Jordanie et la base aérienne 104 d’al-Dhafra, aux Émirats arabes unis.

Là, et contrairement au Sahel, l’armée de l’Air ne dispose pas de drones MALE et d’avions de transport. Un E-3F AWACS (surveillance aérienne) et un ravitailleur C-135FR y sont ponctuellement déployés, aux côtés des 14 avions de combat, engagés au Levant. Le dispositif de Chammal a évolué l’an passé, les 8 Mirage 2000D/N envoyés en Jordanie ayant été remplacés par autant de Rafale.

Au total, 1.218 missions aériennes ont été réalisées par l’armée de l’Air, ce qui a représenté 10.109 heures de vol. Enfin, 1.028 « munitions » (A2SM, GBU, missile Scalp) ont été utilisées contre les positions de l’État islamique en Irak et, dans une moindre mesure, en Syrie.

S’agissant de la mission Baltic Air Policing, en 4 mois, les 4 Mirage 2000-5F du groupe de chasse 1/2 Cigognes déployés en Lituanie dans le cadre ont effectué 341 missions (soit 461 heures de vol) et réalisé 23 « inteceptions réelles » d’avions russes en approche de l’espace aérien des pays baltes. À ce total, on peut ajouter les 11 missions (pour 109 heures de vol) conduites par l’un des E3F Awacs basés à Bourges-Avord au titre des mesures de réassurance de l’Otan.

Outre les missions aériennes effectués à l’étranger, il faut aussi compter celles ayant concerné le territoire national, et plus précisément celles relevant de la Posture Permanente de Sûreté Aérienne. En 2016, l’on compte ainsi 611 sorties « chasse » et 462 sorties « hélicoptères ». L’armée de l’Air a également été sollicitée pour des événements majeurs, comme l’Euro de football, et des missions de service public (avec 26 vies sauvées). Enfin, il ne faut pas non plus oublier la préparation opérationnelle (avec ses exercices internationaux) ou encore l’entraînement des futurs pilotes.

Ces missions sont la partie émergées de l’iceberg. Si les équipages sont très sollicités, il en va de même pour les spécialistes qui les entourent (mécaniciens, électroniciens, contrôleurs, etc…). Sans compter que le rythme opérationnel consomme le potentiel des avions, sachant, par exemple, qu’un Mirage 2000D volait 72 heures par mois en Jordanie contre seulement 21 heures en France.

Pour le général Lanata, il importe de produire le maximum d’heures de vol avec les moyens dont il dispose. « Nous sommes proches du volume d’heures de vol maximum que peut produire le format actuel » et « c’est dans cette enveloppe, en définitive plafonnée, qu’il nous faut absorber les différentes sollicitations », avait-il expliqué au sujet de l’aviation de chasse, lors des discussions budgétaires au Parlement, à l’automne dernier.

La question est cruciale : « Plus les opérations demanderont d’heures de vol, plus il sera compliqué de garantir la formation des jeunes pilotes et l’entraînement sur tout le spectre des savoir-faire de l’armée de l’air. L’enjeu est là », avait en effet souligné le général Lanata.

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