Afghanistan : Les insurgés prétendent avoir le contrôle d’un district-clé dans la province du Helmand

En avril 2007, soit il y a près de 10 ans, la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, lança l’opération Silver dans le district de Sangin, situé dans la province méridionale du Helmand, afin d’en chasser les taliban.

Seulement, placé dans un premier temps sous la responsabilité du contingent britannique, ce district acquit rapidement la réputation d’endroit « le plus dangereux du monde ». Un officier de la British Army alla jusqu’à confier que l’on ne pouvait y aller « nulle part sans un détecteur de métal » pour éviter les engins explosifs improvisés dissimulés par les insurgés.

Les Marines américains, qui prirent le relai des soldats britanniques en 2010, déplorèrent la perte d’une cinquantaine d’hommes jusqu’à leur retrait, c’est à dire quatre ans plus tard, avec la fin de la mission de combat de l’ISAF.

Désormais placées seules en première ligne, les forces de sécurité afghanes ont connu d’intenses combats face aux taliban dans ce district. Comme encore en janvier dernier, selon un rapport des Nations unies concernant l’Afghanistan.

Alors que les taliban ont réussi à prendre le contrôle d’une grande partie de la province du Helmand, leur porte-parole, Zabihullah Mujahid, a annoncé, le 23 mars, la conquête du district de Sangin.

Cette information a été confirmée par Omar Zwak, porte-parole du gouverneur du Helmand. « Nos forces se sont retirées des bâtiments officiels, donc le siège de la police et les bureaux du gouverneur », a-t-il dit, avant d’assurer qu’elles « s’apprêtaient à les reprendre ».

Seulement, le capitaine. William K. Salvin, un porte-parole de la mission Resolute Support, menée par l’Otan, a donné une autre version : les forces afghanes sont encore présentes dans le district, a-t-il dit. « Elles ont été repositionnées pour prendre possession d’un nouveau quartier général » car celui qu’elles occupaient jusqu’alors a été trop endommagé lors des combats contre les taliban.

Le général Dawlat Waziri, le porte-parole du ministère afghan de la défense, a dit la même chose. « Nous redéployons un bataillon à Sangin. Nous le déplaçons vers une garnison nouvellement construite. Chaque fois que nos forces font un mouvement à Sangin, les taliban prétendent qu’ils ont conquis le district », a-t-il dit.

Cela étant, si les forces afghanes ont abandonné leurs installations pour d’autres, c’est qu’elles y ont été contraintes. En outre, la mission Resolute Support assure que leur ancienne garnison a été détruite par ses soins. Ce qui rappelle une phrase prononcée par un officier de presse américain lors de l’offensive du Têt, pendant la guerre du Vietnam : « Nous devions détuire [la ville de] Bến Tre pour la sauver »…

Ce secteur, âprement disputé, est stratégique. Si le mouvement taleb afghan en prend le contrôle, alors il pourra faire la jonction avec la province voisine de Kandahar et mettre davantage la pression sur Lashkar Gah, la capitale du Helmand.

Par ailleurs, le général américain Curtis Scaparrotti, le commandant suprême des forces alliées de l’Otan en Europe, a affirmé, lors d’une audition devant une commission du Sénat, avoir « vu récemment l’influence de la Russie, une influence croissante en termes d’association et peut-être même d’approvisionnement des taliban ».

L’accusation n’est pas nouvelle : le général John Nicholson, le commandant de la mission Resolute Support, l’a déjà lancée à au moins deux reprises ces dernières semaines.

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