Un pétrolier détourné par des pirates somaliens

Le pétrolier Aris 13, battant pavillon des Comores, a été attaqué le 13 mars par des hommes armés à bord de deux skiffs, alors qu’il croisait au large des côtes de la région semi-autonome du Puntland, non loin de la ville d’Alula, dans le nord-est de la Somalie.

« Ce que nous savons avec certitude, c’est qu’un petit tanker a été attaqué et a dévié de sa course », avait d’abord indiqué John Steed, un ancien officier britannique, désormais responsable de l’ONG Oceans Beyond Piracy (OBP). « Nous devons encore confirmer s’il s’agit d’une attaque de pirates, car nous ne savons pas par exemple quelles sont les revendications de ces gens, mais cela ressemble très fort au scénario traditionnel des attaques de pirates », avait-il ajouté.

L’attaque a été suivie par l’opération navale européenne EUNAVFOR Atalanta, laquelle avait été alerté par un message de détresse envoyé par le capitaine du pétrolier. Finalement, cette dernière a pu confirmer, le 14 mars, que l’Aris 13 avait bel et bien été détourné par des pirates somaliens, lesquels retiennent l’équipage du navire en otage et demandent une rançon.

En octobre dernier, le chimiquier CPO Korea avait également été attaqué à 330 milles des côtes somaliennes. Mais les gardes armés qui se trouvaient à bord réussirent à mettre les assaillants en échec.

Si l’on se fie aux données communiquées par le Bureau Maritime Internationale (BMI), l’on pourrait penser que le problème de la piraterie au large de la Somalie a été réglé. Et ce sentiment est renforcé par l’arrêt de l’opération Ocean Shield, alors menée par l’Otan, ainsi que par la réduction significative des moyens d’EUNAVFOR Atalanta, lesquels se résument actuellement à deux avions de patrouille maritime P3C Orion et à un navire espagnol, l’ESPS Galicia.

Seulement, la piraterie somalienne n’a pas totalement disparu étant donné que les attaques ne font pas systématiquement l’objet d’un signalement au BMI. C’est ainsi le cas des boutres et des petits bateaux de pêche venus d’Iran et du Yémen. Mais, depuis 2012, les pirates s’étaient gardés de s’en prendre aux navires de commerce, notamment grâce au déploiement de forces navales internationales et à la présence de gardes armés à bord des bâtiments.

Il faut dire que les causes ayant favorisé la piraterie somalienne n’ont pas été éliminées. « La hausse en 2015 du nombre des gens de mer détenus par des pirates est en grande partie attribuable au détournement de petits bateaux de pêche. De nombreuses populations locales voient dans le paiement de rançons le moyen de compenser la perte des recettes tirées de la pêche, qu’elles attribuent à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée pratiquée par ces navires, et de ce fait, la réalité de ce type de pêche et l’idée que s’en font ces populations peuvent être un moteur de la piraterie », expliquait, en 2016, un rapport des Nations unies.

Et la pêche illicite dans les eaux somaliennes atteint un tel niveau que « la valeur des prises étrangères est cinq fois supérieure à celle des pêcheurs somaliens (306 millions de dollars contre 58 millions) », pouvait-on lire dans un rapport de la fondation américaine One Earth Future.

En outre, les autorités somaliennes n’ont pas les moyens d’assurer la police des pêches et de démanteler les réseaux criminels qui ont été à l’origine des actes de piraterie au début des années 2010.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]