Chammal : Grâce au porte-avions Charles de Gaulle, l’activité aérienne française a augmenté de 60%
En septembre 2016, le porte-avions Charles de Gaulle a intégré la force Chammal pour la troisième fois depuis 2015. Cependant, le déploiement du groupe aéronaval a suscité quelques commentaires trahissant la perplexité de leurs auteurs.
Pour certains, le nombre de frappes effectuées par rapport aux moyens engagés, en l’occurrence 24 Rafale M, leur a paru insuffisant. Pour d’autres, le coût du déploiement du navire amiral de la Marine nationale est trop important par rapport à un effet jugé « discutable », d’autant plus qu’il aurait suffi de renforcer les unités de l’armée de l’Air déployées en Jordanie et aux Émirats arabes unis, c’est à dire au plus près – ou presque – du théâtre des opérations.
En tout cas, tel est l’avis du député François Cornut-Gentille, qui a d’ailleurs interrogé, à deux reprises, le ministère de la Défense sur l’apport opérationnel du groupe aéronaval (GAN ou Task Force 473). Et sa dernière question, qui portait sur le nombre de missions effectuées par les avions basés à terre et ceux du porte-avions Charles de Gaulle, vient d’avoir une réponse.
Avec un groupe aérien embarqué (GAé) comptant 24 Rafale M et 2 avions de guet aérien E2-C Hawkeye, le déploiement du GAN a permis de tripler les moyens de l’opération Chammal pour une période allant de la fin septembre à la mi-décembre 2016. Pour autant, s’étonne le député, cet apport ne s’est pas traduit par le triplement des missions effectuées par l’armée de l’Air et l’aéronautique navale.
En effet, entre le 1er juin et le 31 août 2016, les appareils de l’armée de l’Air basés en Jordanie et aux Émirats arabes unis (sans oublier l’Atlantique 2 de la Marine nationale) ont effectué 512 missions au-dessus de l’Irak et de la Syrie. Avec le déploiement, en Méditerranée orientale, du groupe aéronaval, le nombre de sorties aériennes a été porté à 816, soit une hausse d’un peu moins de 60%. D’où la conclusion de M. Cornut-Gentille : « Le surcroît de moyens ne se traduit donc pas par un surcroît équivalent d’activité », écrit-il sur son site.
Pourtant, il ne pouvait pas en aller autrement. En effet, l’engagement du porte-avions a permis de faire souffler les équipages de l’armée de l’Air, constamment sur la brèche. Entre le 1er septembre et le 30 novembre, le nombre de missions qu’ils ont assurées ayant diminué d’environ 20%. Et c’est surtout vrai pour les Rafale déployés sur la base la plus éloignée de l’Irak et de la Syrie (-44,5%).
Une autre raison tient au fonctionnement propre d’une coalition. En effet, les forces qui la composent se répartissent les missions en fonction de créneaux horaires et de zones horaires. « La mise en œuvre des moyens aériens français s’inscrit donc dans une logique de complémentarité », fait d’ailleurs valoir le ministère de la Défense dans sa réponse au député.
Qui plus est, il faut tenir compte des besoins en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain. Par exemple, les combats en milieu urbain menés contre Daesh à Mossoul depuis le 17 octobre limitent le recours aux frappes aériennes étant donné le risque de dommages collatéraux.