Pour le commandant du groupe aéronaval français, « on ne fait pas la guerre avec une calculette »
Avec 36 Rafale engagés dans l’opération Chammal, dont 24 embarqués du porte-avions Charles de Gaulle, l’aviation française a effectué, en moyenne, une dizaine de frappes par semaine contre les positions de l’État islamique (EI ou Daesh) en Irak et en Syrie. Ce qui semble peu par rapport aux moyens engagés… Et des critiques n’ont pas manqué de se faire entendre.
Et visiblement, cela a agacé le contre-amiral Olivier Lebas, le commandant du groupe aéronaval français (Task Force 473). « Moi, je ne fais pas la guerre avec une calculette! », a-t-il lancé lors d’un point presse du ministère de la Défense, alors que le porte-avions a terminé sa mission en Méditerranée orientale depuis le 9 décembre. « Il n’y a pas un lien direct entre le nombre de frappes et l’efficacité sur le théâtre », a-t-il insisté.
Lors de la dernière semaine de présence du groupe aéronaval au sein de la force Chammal, les Rafale de la Marine et de l’armée de l’Air ont assuré 85 sorties de reconnaissance armée ainsi que 5 de renseignement (ISR) et détruit 24 objectifs de Daesh.
Et, entre le 7 et le 13 décembre, la force Chammal a effectué 71 sorties aériennes, dont 62 reconnaissances armées et 6 missions de renseignement. Les Rafale ont détruit 29 positions jihadistes.
« Après près de deux mois et demi de déploiement, les avions du Groupe aéronaval ont effectué leurs dernières frappes le 9 décembre. Le déploiement aura permis d’intensifier les frappes françaises de manière significative et de contribuer ainsi à l’effort de la coalition concentré sur l’offensive de Mossoul », a souligné l’État-major des armées, dans son compte-rendu hebdomadaire des opérations.
Cela étant, le contre-amiral Lebas, lui-même ancien pilote de l’aéronavale, a expliqué qu’une sortie aérienne ne se traduisait pas nécessaire par une frappe.
« Quand un pilote rentre de mission et qu’il n’a pas frappé, je ne lui dis pas : ‘tu as raté ta mission’. Je lui dis ‘tu as fait un très bon travail parce que quand tu étais sur place, tu as maintenu une pression permanente de la puissance aérienne sur l’ennemi' », a-t-il dit. D’autant plus que les combats urbains, comme actuellement à Mossoul, limitent le recours aux frappes aériennes afin d’éviter les « dommages collatéraux. »
Et quand les chasseurs-bombardiers de la coalition survolent le théâtre des opérations, « l’ennemi sait qu’il ne peut pas sortir son mortier tranquillement, prendre le temps de le régler », a souligné le contre-amiral Lebas. « Il est vite acculé à devoir tirer de manière extrêmement fugace » puis « rapidement remballer son matériel pour se cacher de nouveau dans ses tunnels », a-t-il continué.
Et « les avions français engagés dans la coalition anti-EI dirigée par les Etats-Unis offrent un appui aux forces irakiennes au sol et collectent du renseignement sur l’ennemi », a-t-il encore fait valoir.
Aussi, entre le 30 septembre et le 9 décembre, les avions du groupe aérien embarqué (GAé) à bord du Charles-de-Gaulle (24 Rafale donc sans oublier les deux appareils de guet aérien E2C Hawkeye) ont asssuré 480 sorties aériennes au-dessus de l’Irak et de la Syrie. Ce qui a permis d’établir « près de 900 dossiers imagerie pour le renseignement ».